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Cannabis thérapeutique: "Après le 30 juin, on ne sait pas à quelle sauce on va être mangés"

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Le débat sur l'utilisation du cannabis dans la médecine, à usage "thérapeutique", prend un nouveau tournant. Trois ans après le lancement d'une expérimentation pour 1.200 patients atteints de pathologie lourde, il y avait un doute sur le sort de cette expérimentation. Elle a donc été prolongée de six mois, mais sans savoir ce qu'il en sera en juin prochain.

Malgré la fin officielle le 31 décembre 2024 de la période d'expérimentation du cannabis thréapeutique pour un peu plus d'un millier de patients, une extension jusqu'au 30 juin prochain a été validée par le ministre de la Santé, Yannick Neuder. Mais le flou règne toujours sur leur avenir, en attendant une décision définitive du gouvernement.

Le cannabis thérapeutique reste donc finalement toujours disponible pour six mois minimum, le ministre de la Santé ayant assuré qu'"il faut étudier la voie" de la légalisation. Un soulagement pour les 1.200 patients qui en bénéficient depuis parfois trois ans pour diminuer les sensations de douleur. Mais les inquiétudes sont toujours là.

C’est notamment le cas de Jean-Luc, 46 ans, auditeur de RMC, pour qui ce médicament a été un "renouveau". "J’ai été pendant plusieurs années dans un fauteuil et avec ce traitement, je peux remarcher normalement avec une canne. J’ai un nouveau semblant de vie", salue-t-il.

Mal opéré d’une hernie discale il a des séquelles depuis 2015. "J’ai eu plein de traitements, mais celui-là est moins cher et encore plus efficace. Je suis aussi atteint de la maladie de Verneuil qui me fait des kystes gros comme le poing et depuis que j’ai ce traitement je n’ai plus rien", indique-t-il ce jeudi à l’antenne.

Mais malgré la prolongation de l’autorisation du traitement, l’inquiétude est toujours présente.

“Après le 30 juin, on ne sait pas à quelle sauce on va être mangés. C’est ça qui fait flipper et je ne dois pas être le seul dans ce cas-là. ”, estime-t-il.

"J'ai envisagé de partir en Belgique"

Et c’est effectivement le cas. Cela fait 17 ans que Sandra endure des douleurs handicapantes au bassin. Et depuis trois mois, elle anticipe l'arrêt du cannabis médical. Elle a tenté de se sevrer, mais la souffrance est telle qu'elle a pensé au suicide assisté.

"J'ai envisagé de partir en Belgique. Je suis à 9 sur 10 sur l'échelle de la douleur, du matin au soir. Pour moi, c'était une condamnation à mort qu'on me faisait", indique-t-elle.

Car il n'y a aucune autre alternative thérapeutique. Le rétropédalage du ministre de la Santé in extremis le soir du réveillon change la donne, mais ne rassure pas Sandra. "Ça serait bien qu'il soit plus clair dans ses annonces. Est-ce qu'ils prolongent de six mois dans l'éventualité d'une ouverture et d'une légalisation ou est-ce que c'est dans l'optique d'un sevrage?", assure-t-elle.

D'autant qu'aucune raison médicale ne justifie ce flou politique, souligne Mado Gilanton, représentante au comité scientifique Cannabis thérapeutique. "Où ça bloque? C'est la question. Est-ce qu'il y a d'autres ministères qui se sont inscrits dans un dossier médical? Ça serait une première", juge-t-elle.

Le ministère de la Santé reste lui muet sur de potentielles tensions interministérielles. Mado Gilanton est, en tout cas, optimiste, grâce aux propos de Yannick Neuder sur la question.

Solène Leroux avec Guillaume Descours