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Ce qui mine l’hôpital public actuellement, c’est le harcèlement moral

L'hôpital public est en crise et un "management violent" cause des milliers de cas de "harcèlement moral" selon le Pr Philippe Halimi, co-auteur de Hôpitaux en détresse, patients en danger.

La situation dans les hôpitaux publics est tendue. Tous les personnels hospitaliers témoignent ces dernières années d'une dégradation réelle des conditions de travail.

Le professeur Philippe Halimi, radiologue à l’hôpital Georges Pompidou à Paris, et co-auteur de Hôpitaux en détresse, patients en danger, est venu illustrer cela dans Bourdin direct ce jeudi matin.

Il estime que la loi Bachelot datant de 2009 a aggravé la situation, ce qui fait qu'une politique du chiffre plombe complètement la qualité des services. Le mauvais traitement des personnels, allant jusqu'au harcèlement moral, est également de plus en plus inquiétant.

"Il y a un type de management extrêmement violent qui ne respecte pas la plupart du temps les personnels"

"Ces dernières années c'est considéré comme une entreprise comme une autre, c'est un des éléments qui explique la crise l’hôpital public. Il y a un type de management extrêmement violent, vertical qui ne respecte pas la plupart du temps les personnels, qui les utilise comme des pions que l’on déplace sur un échiquier. Et qui, de temps en temps, les maltraite de façon sévère. Ca peut même être du harcèlement sexuel qui peut se poursuivre par du harcèlement moral. C'est ce qui mine l’hôpital public actuellement".

Les conséquences sont graves pour les patients qui se voient proposer des traitements parfois de mauvaise qualité. Sans compter la santé des personnels hospitaliers eux-mêmes, alors que les suicides se multiplient ces dernières années.

"Il faut qu’on sorte de cette vision purement gestionnaire, comptable de l’hôpital public"

"Derrière il y a des conséquences absolument tragiques car toutes les catégories de personnels sont amenées à se suicider ou faire des tentatives de suicide, que ce soit les agents hospitaliers, les aides-soignants, les infirmiers, les cadres administratifs, les cadres de soins... C’est la partie émergée de l’iceberg, mais derrière il y a des milliers de personne en souffrance pour des raisons de harcèlement moral."

La solution est claire pour le professeur Philippe Halimi : sortir de la politique du chiffre, qui plombe d'autres services publics comme la police.

"Il faut qu’on sorte de cette vision purement gestionnaire, comptable de l’hôpital public, où on cumule des actes sans se préoccuper de la qualité des soins. Une étude récente Odoxa montre qu’en trois ans le nombre de patients pris en charge mécontents ont été multipliés par trois". 

Une vision inquiétante, qui ne devrait pas s'arranger dans un futur proche sans de nouvelles mesures pour changer le fonctionnement de ce service public.

J.A. avec Bourdin direct