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Comment des chercheurs arrivent à anticiper l'évolution du coronavirus en traquant nos eaux usées

Les traces du coronavirus sont détectables dans nos selles quelques jours avant l'arrivée des premiers symptômes. L'indicateur de la contamination des eaux usées devient ainsi un atout précieux pour les autorités sanitaires.

Depuis début mars, des chercheurs réunis au sein du réseau Obépine (Observatoire Epidémiologique dans les Eaux usées) analysent depuis le 5 mars 2020 les eaux usées de région parisiennes pour y chercher des traces de coronavirus. 

Un indicateur qui pourrait s'avérer précieux pour mieux quantifier la circulation du virus dans la population. Les traces de la maladie sont présentes dans les selles des personnes infectées. L'analyse des eaux usées permet ainsi de déterminer en proportion la part de malades dans la population. Entre 30 et 50 échantillons sont analysés chaque jour.

"C'est surtout une vision collective, on peut voir facilement si le virus circule au sein d'une population"

Ces eaux usées sont collectées dans 25 points en Île-de-France principalement dans des stations d'épuration. Elles arrivent ensuite dans les laboratoires d'Eau de Paris où sont faites les analyses. Sébastien Wurtzer est virologue au sein de l'entité.

"La première étape est de concentrer l'échantillon, ce qui permet de sédimenter l'ensemble des particules présentes dans l'échantillon."

Une fois les particules isolées, une machine détecte la quantité de virus présente dans l'eau. Un indicateur particulièrement intéressant, puisque le virus apparaît tôt dans les selles des personnes contaminées. 2 jours avant les premiers symptômes selon l'OMS.

"Un des atouts est d'avoir effectivement un système d'alerte précoce. Et le deuxième c'est surtout une vision collective par rapport à des tests individuels. On peut voir très facilement au sein d'une même population reliée à un réseau d'assainissement si on a du virus qui circule à l'intérieur ou pas."

"La courbe est de nouveau observable mais pas aussi importante"

Aujourd'hui les analyses montrent que la courbe repart, comme l'explique Laurent Moulin responsable de la recherche et développement à Eau de Paris.

"On voit une petite ré-augmentation qui est assez faible, elle est de nouveau observable, mais elle n'est pas aussi importante que celle qu'on a pu observer tout au début de l'épidémie."

Cet indicateur, chaque jour plus précis, permet aux autorités de mieux anticiper l'évolution du virus dans la population.

Mahauld Becker-Granier (avec J.A.)