"Comment dire à quelqu'un que sa maladie ne mérite pas de remboursement?": l'aide médicale d'Etat dans le viseur des débats sur l'immigration
L'AME est susceptible d’évoluer. Une aide accessible aux étrangers sans titre de séjour ni récépissé de demande résidant en France depuis plus de trois mois et percevant moins de 8.951 euros par an.
"Evaluer" le "panier de soins"
Pas de suppression, mais le chef de l'Etat s'interrogeait fin septembre sur certains "excès" et plaide pour "évaluer" le "panier de soins".
Exemple à l'hôpital Delafontaine à Saint Denis, où des patients en situations irrégulière viennent se soigner gratuitement notamment grâce à l'AME. Après un long périple, Arman, jeune Afghan de 19 ans arrive en France au mois de mai: "Je suis tombé malade sur la route. Quand je suis arrivée en France s’est devenu encore plus douloureux".
Victime d’une crise d’appendicite, le jeune homme est hospitalisé en urgence. Quelques semaines après son opération, des douleurs reviennent: "J’avais mal au foie. J’ai mis deux mois à prendre rendez-vous chez le médecin. Je ne pouvais plus attendre. J’avais trop mal".
"On a des consultations où l’absentéisme peut aller jusqu’à 40%"
Consulter un médecin n’est pas la priorité de ces personnes en situation irrégulières, selon Antoine Casel. Ce généraliste s’occupe de la Permanence d’accès aux soins de santé à l’hôpital DelaFontaine à Saint-Denis. Même le suivi des patients est compliqué: "On a des consultations où l’absentéisme peut aller jusqu’à 40% des patients et des consultations qui ne sont pas honorées".
Pour ce médecin réformer l’AME est impensable. Réduire la palette de soins gratuits seraient même contre-productif selon lui.
"Je n’arrive pas à imaginer comment on puisse dire à quelqu’un que ce pourquoi vous êtes venu me voir ne mérite pas de remboursement et donc que vous êtes venus à titre payant. Les patients vont mettre plus de temps à être pris en charge et plus le patient va être pris en charge tardivement plus il y a de complications et plus ça coûte".
En 10 ans le coût de l’AME a quasiment doublé pour atteindre près d’1 milliard d’euros cette année, soit 0,5% du budget de l’Assurance maladie.