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Consultation médicale à 30 euros: “Ça ne changera rien”, le coup de gueule de Jérôme Marty

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Le prix d'une consultation chez un médecin généraliste a augmenté ce dimanche, passant de 26,50 euros à 30 euros. Pour le médecin Jérôme Marty, il faudrait l'augmenter à 50 euros.

Le prix des consultations médicales a augmenté, ce dimanche. Il faudra maintenant débourser 30 euros pour une consultation chez un médecin généraliste au lieu de 26.50 euros auparavant. Mais le médecin Jérôme Marty est formel, ce lundi sur le plateau des Grandes Gueules sur RMC et RMC Story: pour lui, le prix devrait être de 50 euros.

Il l'assure, cette augmentation ne va pas rendre la médecine plus attractive, car avant tout, "ce n'est pas une augmentation, c'est un rattrapage", explique le généraliste. "La profession n'avait pas été augmentée depuis sept ans, plus une année de règlement arbitral. Parce que les 26.50 sont une portion de l'augmentation vers les 30 euros qui était en lien avec le règlement arbitral. Les discussions ont repris et on a obtenu 30 euros qui ne changeront rien".

"On se retrouve avec une augmentation de cinq euros sur six ans. Ça veut dire 80 centimes par an, c'est comme ça qu'il faut le voir", s'indigne-t-il.

Une augmentation qui, dans tous les cas, "ne résoudra rien": "Encore une fois, on est sur un one-shot, on augmente une fois et puis on dit aux médecins qu'il faut s'engager derrière".

"On leur dit qu'ils vont faire des économies sur les prescriptions d'arrêt de travail, d'antibiotiques etc, oubliant de dire que ces économies génèrent de l'économie pour l'Assurance maladie et qu'il doit y avoir un retour sur investissement, les 30 euros sont la part de ça".

Les mutuelles en profitent

Mais ce qui le dérange surtout, ce sont les mutuelles et assurances privées qui, elles, augmentent leurs tarifs "sans sourciller, entre 5 et 10% tous les ans, quoi qu'il se passe".

"En 2021, elles ont augmenté leurs tarifs alors même qu'en 2020, elles n'avaient rien dépensé, puisque l'Assurance maladie prenait tout en charge", ironise le médecin.

Alors ce qu'il faut faire, selon lui, c'est changer le modèle. "La France n'a pas les moyens de ses ambitions. On ne peut pas augmenter les impôts, les charges sociales, il n'y a plus de possibilités donc il faut mettre à contribution davantage les mutuelles et assurances privées, mais en changeant les règles", explique Jérôme Marty.

"Quand vous filez 100 euros à une mutuelle, il y a 50 euros qui partent sur le soin et tout le reste part en communication, en régime prudentiel, en achat d'immeuble et sponsoring de courses multiples et variées, achat de stade, etc. Ça, il faut le changer", milite le président de l’UFML-Syndicat.

La solution selon Jérôme Marty: "Que plus d'argent revienne au soin et à ce moment-là, tu permets au généraliste d'accéder aux honoraires complémentaires". Car, les médecins qui sont en secteur 2 (chirurgiens, spécialistes) font 40% de leurs actes en secteur 1, sans dépassements.

La profession n'est plus attractive

Mais aujourd'hui, les médecins n'ont pas le choix et doivent faire avec le modèle mis en place. Pour Jérôme Marty, il ne faut pas s'étonner que le métier ne devienne plus attractif: "Tu ne trouves plus de médecin, parce que la profession n'est plus attractive. Les jeunes ne s'installent plus et les vieux déplaquent". Alors, pour ceux qui exercent toujours, la charge de travail est démultipliée.

"Je suis le premier, et nous sommes des milliers malheureusement, à faire plus d'heures qu'il ne faudrait, à ouvrir mon cabinet de 9h à minuit le soir pour essayer d'absorber la demande de soin qui fait qu'on est entourés de gens qui n'ont pas de médecin traitant", souffle-t-il.

"Nous sommes des libéraux, pas des salariés, ni des agents d'État, conclut Jérôme Marty. Nous ce qu'on veut, c'est les moyens de salarier, d'avoir des assistants et de les payer nous, de développer nos entreprises". Avant de poursuivre: "À la place, on a en face, des gens qui nous disent 'on va vous sponsoriser, on va vous payer l'assistant, la maison' mais on ne veut pas ça". Les généralistes français sont parmi les moins bien payés de l'Union européenne.

Solenn Guillanton