Coronavirus: et si le vaccin BCG pouvait le neutraliser?

Des exemples en Guyane ou en ex-RDA où ce vaccin est (ou était) obligatoire montrent des chiffres impressionnants selon Laurent Lagrost, directeur de recherche à l'Inserm, invité de RMC ce mardi.

Le vaccin BCG ne fait plus partie de nos vaccins obligatoires depuis 2007. Mais celui-ci pourrait "entraîner" en quelque sorte notre système immunitaire à combattre toutes formes d’agressions. Durant cette épidémie de Covid-19 qui touche le monde entier, il y a une réponse inflammatoire forte en cas de contamination au coronavirus, et le BCG pourrait atténuer cette inflammation.

C'est une possibilité envisagée par Laurent Lagrost, directeur de recherche à l’Inserm (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale). Il était l'invité de RMC ce mardi matin au lendemain de l'allocution du président de la République qui a précisé que toutes les solutions étaient envisagées concernant les traitements et les réponses face à cette pandémie qui a fait près de 15.000 morts en France à ce jour.

Une sorte d'exercice qui permettrait une réponse en cas de contamination.

"S'il n'est plus obligatoire, il reste recommandé et largement pratiqué aujourd'hui. Au moins trois études sont en cours (pour sa réponse contre le coronavirus)", précise le chercheur face à Jean-Jacques Bourdin. 

"C'est un vaccin qui a des propriétés très particulières et qui vont au delà de la lutte contre les maladies de la tuberculose. Il a la capacité à entraîner notre système immunitaire inné capable de mémoriser une capacité d'action qui pourrait se révéler essentielle dans la lutte contre le Covid, notamment dans la prévention des formes inflammatoires sévères, les formes sévères de la maladie reposent sur la réponse inflammatoire."

Ce serait en quelque sorte comme un exercice militaire en temps de paix, qui sera utile pour combattre en temps de guerre.

"C'est tout à fait ça. Cette réponse inflammatoire est essentielle dans les premières étapes de la maladie. Ca permet de freiner la propagation du virus. Mais elle peut devenir sévère et incontrôlée dans les phases finales de la maladie."

Aucun mort, aucun patient en réanimation en Guyane où il est obligatoire

Mais en attendant des preuves scientifiques, des corrélations peuvent déjà être faites: en Guyane, la vaccination BCG est obligatoire et sur 300.000 habitants, seuls 88 cas sont recensés et aucun décès.

"De plus, il n'y a aucun patient en réanimation médicale dans aucun hôpital de Guyane française qui montre une prévalence de la tuberculose dix fois plus forte que dans l'hexagone. Je prendrai aussi l'exemple de l'Allemagne; la RDA (est) avait une politique de vaccination forte, la RFA (ouest) un peu plus souple, et quand on voit les chiffres dans les Landers allemands la différence est frappante."

Habituellement, ce vaccin est importé du Danemark, mais on en produisait auparavant en France. La fabrication en masse de ce vaccin nécessiterait un certain temps en termes de production.

J.A.