Coronavirus: les morts à domicile, victimes invisibles du virus

Lorsqu’une personne meurt chez elle, un médecin doit obligatoirement compléter un certificat de décès papier avec premier volet pour l’État civil destiné à la mairie et un second volet médical envoyé aux agences régionales de santé qui les collectent avant de les remettre à l’Inserm.
Sans ces informations qui ne remonteront pas avant au moins deux mois, l’institut national de la santé et de la recherche médicale ne peut pas donner d’explication précise à la hausse de la mortalité à domicile du mois de mars 2020: + 10 % par rapport à la même période l’an dernier, selon l'Insee. Cette épidémie a forcément un impact mais impossible de dire aujourd’hui avec certitude la part de surmortalité imputable au Covid-19 et celle qui est due aux effets collatéraux des malades qui n’auraient pas osé, par exemple, se rendre aux urgences en temps voulu.
"Les gens de l'âge de ma mère, c'est comme s'ils n'existaient pas"
Une situation difficile à vivre pour les proches de ces malades décédés chez eux du Coronavirus. Deux semaines après l’apparition des premiers symptômes du Covid-19, Marie-Louise s’est éteinte, chez elle, près de Strasbourg. Son fils Daniel a du mal à digérer que son décès ne soit pas pour l’instant comptabilisé dans le bilan officiel de l'épidémie: "C'est ce qui me tracasse, elle n'est pas reconnue comme étant décédée du Covid-19. Les gens de l'âge de ma mère -88 ans- c'est comme s'ils n'existaient pas. Il y a sûrement d'autres cas."
Ces décès ne sont en effet pas du tout marginaux selon un syndicat de médecins généralistes. Un avis partagé par Ghislaine Sicre, infirmière à domicile dans l’Hérault: "J'en ai eu un et un deuxième qui est suspect sur une trentaine de patients. Nous ne sommes pas dans la réalité du terrain et c'est bien dommage. Ce serait normal de savoir où on va avec cette épidémie pour qu'on ait des chiffres et des statistiques pour pouvoir prendre en charge une prochaine épidémie s'il y en a une".