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Covid-19: les jeunes ne veulent plus être pointés du doigt face au retour de l'épidémie

Etudiants, agrégés, infirmiers, maçons, ils ne veulent plus être considérés comme des irresponsables alors qu'ils estiment avoir été également touché par l'épidémie.

Ils sont pointés du doigt depuis quelques semaines. Dans une tribune publiée samedi sur le site internet du Parisien, une quinzaine de jeunes âgés de 22 à 27 ans refusent d'être pris pour les "boucs émissaires" dans la crise sanitaire actuelle.

À l'origine de cette tribune, Nathanel Travier 26 ans a voulu faire entendre sa voix. Aucune volonté de sa part d'attiser un conflit générationnel, bien au contraire : "Le but c’est pas de rentrer en conflit avec les vieux, déjà parce que je ne crois pas que cette catégorie existe et puis dans une période de crise comme celle-ci, il faut rester soudé".

Trop fêtards, irresponsables, égoïstes, le discours ambiant sur les jeunes a lassé ce bibliothécaire : "Quand on parle d’irresponsabilité des jeunes on oublie que c’est eux aussi les principales victimes. Il y en a une partie qui en déjà souffert. Il y a des gens qui ont dû arrêter leur année, on eut un parcours perturbé, des concours modifiés. C’est aussi des gens qui ont perdu leur travail ou leur stage".

Double discours

Un avis que partage Louis Poinsignon étudiant à Polytechnique et signataire de la tribune. Il dénonce l'hypocrisie d'un double discours : "La majorité des jeunes a respecté les règles du confinement et on ne peut pas leur jeter la pierre en disant: 'On vous a incité à vous déplacer, à participer à l’effort économique', et d’un autre côté dire que ce sont eux qui sont irresponsables et ne font pas attention".

Alors la crise sanitaire a-t-elle exacerbé la guerre des générations ? Non, répond le sociologue Serge Gyérue, elle a plutôt permis de développer la solidarité : "Cette catastrophe du Covid a montré des choses plutôt positives. D’abord la solidarité avec l’étudiant qui n’a peut-être jamais parlé à sa voisine et qui vient la voir pour s’occuper d’elle. Il y a eu des jeunes infirmières, des jeunes soignants ou autre qui sont allés aider. Il y a plutôt eu une confirmation des solidarités intergénérationnelles". Selon lui donc, jeunes et vieux ne sont pas des catégories sociales pertinentes à étudier pour cette crise.

Garance Munoz et Benoît Ballet (avec Guillaume Dussourt)