Crise de l’hôpital: "Ça concerne toute la population française" alerte le Dr Jehane Fadlallah
Ils descendent de leurs services pour aller dans la rue. Les soignants, médecins, infirmières, et les autres personnels de l’hôpital public, sont appelés à se mobiliser, par neuf syndicats et collectifs, dans toute la France ce mardi, pour réclamer de meilleures conditions de travail et dénoncer le manque d’effectifs. Dans de nombreux services, la situation est extrêmement fragile. Comme 'immunologie clinique à l’hôpital Saint-Louis, à Paris, où le Dr Jehane Fadlallah a alerté ces dernières semaines sur la pénurie d’infirmières de nuit.
"Les choses n’ont pas encore changé, explique-t-elle dans ‘Apolline Matin’ ce mardi sur RMC et RMC Story. Pour notre service, on est en sursis. On a réussi à obtenir quelques primes pour favoriser le travail de nuit. Mais ce sont toujours les filles de jour qui font les nuits. On a deux embauches en cours, de jeunes infirmières. C’est sous réserve qu’elles aient leurs diplômes. C’est un stage pré-pro qui est favorisé par une prime à l’embauche de 9.000 euros pour un engagement de 18 mois à l’AP-HP. Après, rien ne garantit qu’elles resteront. Cet été, on est quand même qu’à une infirmière sur douze qui est titulaire dans l’équipe de nuit. Les onze postes vacants sont comblés par des intérimaires, des remplacements, et par nos infirmières de jour qui acceptent de faire la nuit moyennant une petite compensation financière. Mais ça ne va pas tenir, ce n’est que de la rustine."
"On n’est pas en train de défendre l’hôpital public pour défendre nos salaires et nos petits privilèges"
Pour le Dr Jehane Fadlallah, la réponse à la crise de l’hôpital doit être financière et politique.
"Il manque une décision qui engage énormément de moyens et une refonte complète du système hospitalier, estime-t-elle. C’est une vraie question, un choix de société. Ça concerne toute la population française. On n’est pas en train de défendre l’hôpital public pour défendre nos salaires et nos petits privilèges. Quand on sera en grève, on aura une petite banderole dans notre dos et on continuera de travailler. Il faut que les gens comprennent que des lits fermés, ce sont des patients non pris en charge. Plusieurs lits fermés, c’est un hôpital qui ferme."
Emmanuel Macron, le président de la République, a annoncé la semaine dernière le lancement d’une mission "flash" sur la situation des services d’urgences, qui doivent restreindre leurs accès dans de nombreuses villes. Mais pour le Dr Jehane Fadlallah, le constat a déjà été fait. "On salue cette suggestion d’engagement, même si on sort d’un quinquennat et que ce n’est pas un président qui a été nouvellement élu… Toutes ces concertations, tous les rapports, existent, souligne-t-elle. Les collectifs inter-hôpitaux, notamment, travaillent d’arrache-pied pour recenser les diagnostics, les problématiques, et même proposer des solutions, alors que ce n’est pas vraiment notre travail."