"Des gardes de 15-20h sans répit": une médecin raconte comment l'Italie fait face au coronavirus
Avec plus de 15.300 morts, l'Italie est la nation au monde la plus durement touchée par l'épidémie de coronavirus. Si le pays a vu samedi le nombre des hospitalisations en soins intensifs diminuer pour la première fois depuis que la pandémie y a explosé il y a plus d'un mois, le gouvernement italien a répété ce week-end que le retour à la normale n'était pas pour demain. Invitée ce dimanche de l'émission RMC Mobilisation Générale, Katia Donadello, médecin en réanimation à Vérone, a raconté comment l'Italie, épicentre de l'épidémie en Europe, et ses médecins, font face à cette crise.
"On résiste. C'était excessivement intense durant les quatre dernières semaines, d'un point de vue physique et émotionnel. La situation semblerait avoir atteint un "plateau". Cela ne veut pas dire qu'on a moins d'admissions, mais qu'elle sont en train d'égaler le nombre de personnes qu'on arrive à faire sortir des soins intensifs et de l'hôpital. Le nombre de malades actuels reste constant", a-t-elle décrit. Lors de la première semaine, tous les services concernés au sein de l'hôpital où elle travaille ont parfois dû enchaîner "des gardes de 15-20h" sans répit.
"On a hospitalisé beaucoup de personnes jeunes"
"Nous avons dû prendre en considération la gravité des malades par rapport à la possibilité d'une amélioration. Nous n'avons pas eu la nécessité de choisir entre deux personnes. Mais tout le monde a dû choisir entre le travail et la famille. Je ne vois pas ma petite qui a deux ans et demi depuis un mois. On a hospitalisé beaucoup de personnes jeunes, y compris en soins intensifs. Les malades ne sont pas seulement les vieux ou ceux qui ont des maladies", a-t-elle expliqué, avant de faire passer un message clair par tous ceux qui seraient tentés de sortir de chez eux pour profiter du soleil.
"A Vérone, le temps est magnifique et il n'y a presque personne dehors. Il faut rester chez soi", a-t-elle insisté. En Italie, les sorties sont seulement autorisées pour faire des courses, pour motifs de santé, promener son chien, venir en aide à des proches en cas de nécessité ou travailler lorsque son activité est jugée essentielle.