Déserts médicaux: la loi pour réguler l’installation des médecins fait toujours polémique

Dans une semaine, les médecins seront dans la rue pour protester contre une proposition de loi transpartisane portée par le député Guillaume Garot (PS), qui vise à réguler l’installation de la profession, pour lutter contre les déserts médicaux. Ils sont soutenus par de nombreuses organisations, comme l'Ordre des médecins, SOS Médecins et encore la Fédération de l'Hospitalisation Privée. Mais plusieurs professions médicales voient déjà leur liberté d'installation entravée.
C'est déjà le cas pour quatre professions de santé: les premières à avoir vu leur travail régulé, ce sont les infirmières en 2008. Les sage-femmes et les kinésithérapeutes ensuite. Et plus récemment les dentistes, depuis le 1er janvier.
Un remède contesté
Alors, pour les sage-femmes et les infirmières, les mesures de régulation ont en effet permis de réduire les disparités territoriales. Du côté des kinés, pas de miracle encore, mais ça se stabilise. Tout ça ne s'est pas fait sans réticences au début. Mais désormais, “pas de retour en arrière possible”, dit John Pinte, président d'un syndicat infirmier favorable à la régulation. Même s'il émet des réserves:
"On règle certaines difficultés, mais on en crée des nouvelles."
Par exemple, si un soignant s'installe dans un désert médical, où il y a peu d'habitants, il peut se retrouver avec une patientèle très réduite et donc avoir du mal à se dégager un salaire correct.
Autre problème: l'attractivité. "Même s'il y a des aides, ça ne suffit pas pour convaincre”, confie un kinésithérapeute à RMC. Et ça ne compense pas les sacrifices personnels: pas toujours possible de changer de région quand le travail du conjoint ne suit pas, pour ne citer que ça. Des régulations qui provoquent aussi un désamour de la profession libérale. Plusieurs soignants assurent que pour y échapper, certains préfèrent se tourner vers des emplois salariés, ou rester éternellement remplaçant.