Déserts médicaux: remobiliser les médecins retraités volontaires, ça fonctionne

Lutter contre les déserts médicaux en faisant appel aux médecins retraités, ça fonctionne. C'était le pari d'un centre de santé parisien depuis janvier, et après quelques mois, le constat est clair. Le nombre de praticiens dans le centre de santé Odon Vallet a triplé en 2 mois. Et depuis l'ouverture en janvier, les chiffres ont été multipliés par 6, selon des chiffres que vous révèle RMC ce matin.
Le nombre de consultations à, lui, plus que quintuplé, passant de 86 en janvier à 480 en mai.
"Il faut agir maintenant"
Au centre Odon Vallet à Paris, ces médecins retraités viennent travailler à leur rythme, d'une demi-journée à 2 jours par semaine. Le projet est porté par une association à but non-lucratif. Et ils ne pratiquent pas de dépassements d'honoraires, ils sont aux tarifs de la Sécurité sociale.
C'est une initiative qui porte ses fruits et qui va s'étendre. Une dizaine de retraités se relaient ici pour remplir des semaines de consultations. "Je trouve ça formidable", explique Valérie qui salue leur dévouement en attendant les plus jeunes.
"On ne les aura pas demain ou après-demain, il faut agir maintenant", réagit la patiente.
"Je voulais m'occuper"
La plupart des praticiens sont spécialistes, et expérimentés, salue Nadège, une autre patiente rassurée par les délais de rendez-vous plus courts qu'ailleurs. "Les nouveaux médecins, c'est 10 ou 15 jours. Si on a une urgence, on fait comment? Et pour les spécialistes, on ne cherche même pas, c'est au moins 6 mois". Alors face au généraliste: "Chapeau, continuez", dit-elle.
"Tant que mon état physique et moral me le permettront", répond le docteur Tran.
Retraité depuis le 31 mars, docteur Tran était devenu salarié dans ce centre médical une semaine après. "Parce qu'il manque de médecins, je ne voulais pas raccrocher complètement, ça peut toujours servir. Je voulais m'occuper un petit peu quand même", explique-t-il.
Bientôt d'autres centres en France
Ce premier centre devait être temporaire pendant la construction d'un nouveau, plus grand, à quelques pas. "Et finalement on va garder les deux", selon Sadia Benhamou Kaddouri, la directrice du centre de spécialités médicales Odon Vallet. Elle justifie ce choix: "parce qu'en fait on a beaucoup de professionnels qui nous ont rejoint. Un de nos objectifs est qu'on puisse faire des petits centres".
"Des médecins retraités il y en a partout, et des besoins sur toute la France", affirme-t-elle.
Un autre centre Odon Vallet est espéré à Grenoble l'an prochain, sans compter des pistes à Lille et Strasbourg, pour que les têtes blanches gardent la blouse.