Doliprane: "On se demande ce qu'on va devenir", les employés de Sanofi appelés à la grève

Après l'annonce de la cession de la branche de Sanofi qui produit le Doliprane, le gouvernement veut rassurer les salariés et l'opinion. Les ministres de l'Économie Antoine Armand et de l'Industrie Marc Ferracci, se rendent ce lundi matin à l'usine de Lisieux, dans le Calvados, où sont produites la plupart des célèbres gélules antidouleur.
Vendredi dernier, Sanofi a annoncé négocier avec le fonds d'investissement américain CD&R pour lui céder sa filiale qui produit notamment le Doliprane, médicament le plus vendu en France. Dans La Tribune Dimanche, l'ensemble des parlementaires socialistes ont pris la plume pour s'opposer à cette opération: "Le gouvernement doit refuser le rachat américain de l'usine de Lisieux de Sanofi, et imposer à Sanofi de préserver un contrôle national de ces activités indispensables pour notre souveraineté", écrivent-ils.
En signe d'opposition, les syndicats ont appelé à la grève ce lundi. Selon eux, 250 emplois pourraient être menacés à Lisieux. Les grilles de cette usine historique, Johann les a franchies pour la première fois il y a 24 ans. Alors, l’annonce de son rachat potentiel a été un coup de massue.
“Tous les salariés se demandent ce qu’ils vont devenir demain. J’ai une famille à nourrir, j’ai un crédit voiture, un crédit maison… Demain, je fais comment?”, indique-t-il.
Ancien salarié, Thierry y a travaillé pendant 35 ans. Comme tous, il craint que le Doliprane passe sous drapeau américain. “Le tracé, on le connaît. On ferme et quatre, cinq ans après, le nouvel acheteur sabre dans l’effectif, sabre dans tout, et au bout d’un moment, vend les meubles”, pointe-t-il.
Un retour en arrière espéré
Des meubles chers aux yeux de plusieurs employés déjà nostalgiques. “Se dire que cette petite boite jaune, elle sera peut-être bientôt dans un musée, c’est poignant”, assure Johann. “On l’a vu grandir. Je ne dirais pas que c’est comme un enfant, mais c’est pas loin”, ajoute un autre employé.
La direction de Sanofi, elle, se montre rassurante quant à l’avenir du médicament et des employés. Mais pas de quoi convaincre Frédéric Debève, délégué syndical CGT du personnel.
“Nous, ce qu’on attend de la direction, c’est qu’il y ait un retour en arrière. Nous, ce qu’on veut, c’est rester Sanofi et continuer à faire ce qu’on sait faire, c’est-à-dire du Doliprane”, appuie-t-il.
Pour eux, pas question d’abandonner. Et l'espoir que la mobilisation des salariés pèsera face au géant Sanofi.