Doliprane: pourquoi l’enjeu est davantage sur l’approvisionnement que sur la production

Alors que Sanofi a décidé de céder la fabrication du Doliprane à un fonds d’investissement américain (CD&R), la France risque-t-elle de manquer un jour de ce médicament? C’est très peu probable. Il y a deux sujets: le sujet de la production et le sujet de l’approvisionnement. Il faut rappeler que le principe actif du Doliprane, le paracétamol, n’est pas fait en France. Il n’est même plus fait en Europe depuis 2009 (Inde, Chine). Et pendant des années, on n’en a pas manqué. L’usine de Lisieux ne fait que conditionner le paracétamol sous forme de Doliprane.
Donc sa fermeture doit être évitée, parce qu’une usine de plus en France, c’est toujours un atout, mais ce n’est pas une usine stratégique pour l’approvisionnement. On va recommencer à fabriquer du paracétamol en France à partir de 2025, près de Toulouse.
La France achète moins cher que ses voisins
Mais que le Doliprane soit produit en France ou ailleurs, ça ne change en rien la problématique de la sécurité d’approvisionnement. Et notamment en paracétamol. Le problème, c’est que la France achète le Doliprane aux labos pharmaceutiques 25% moins cher que ses voisins européens. Et donc si problème d’approvisionnement, comme on en a connu après le Covid, la France ne sera pas forcément privilégiée.
Que peut faire l’Etat? Une des raisons qui explique sa passivité, c’est d’abord parce que le sujet, c’est l’approvisionnement, plus que la production. Le pari du gouvernement, c’est d’obtenir des engagements extrêmement forts du nouvel acquéreur pour rassurer sur l’avenir de l’usine, pour éviter d’en venir à la procédure de contrôle des investissements étrangers qui permet éventuellement de bloquer la prise de contrôle par une entreprise étrangère. Cela a déjà été utilisé à six reprises, mais c’est extrêmement hasardeux à piloter…