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Elle accouche dans son salon faute de maternité à proximité: Justine interpelle la ministre de la Santé sur RMC

Les parents n'ont pas eu le temps de retourner à l'hôpital de Poitiers, situé à une heure de route du domicile. Selon la mère, la situation aurait pu très mal tourner et elle envisage d'attaquer l'État en juste.

Né dans la salle à manger de ses parents. Anatole, un bébé de 3,5 kilogrammes, est en parfaite santé. Pourtant, la mère Justine a eu très peur. Le couple n’a en effet pas eu le temps de retourner à l’hôpital de Poitiers situé à une heure de route. 

La maternité du Blanc, dans le département de l’Indre, a fermé en octobre dernier par mesures de sécurité, car il n’y avait pas assez d'accouchements, et pas assez d'obstétriciens pour assurer une bonne prise en charge, a plusieurs fois répété Agnès Buzyn. 

C’est donc le couple qui a procédé à l’accouchement, avec les moyens du bord. 

Lundi dernier vers minuit, les contractions de Justine deviennent de plus en plus violente. Elle hésite à partir pour la maternité la plus proche. Son mari a à peine le temps d'appeler les pompiers qu'elle accouche sur le sol de sa maison.

"Je m’effondre sur le tapis du salon à quatre pattes et puis le travail commence. J’ai la tête dans les mains et puis je me dis maintenant qu’on est là, il faut finir le boulot. Donc deuxième poussée, arrive Anatole, sur le tapis du salon", raconte Justine. 

L'État responsable?

Les pompiers arrivent 10 minutes plus tard. Entre temps Justine et son conjoint effectuent les premiers gestes.

"Anatole se retrouve avec le cordon autour du cou. Petit moment de panique, mais je desserre tout ça et finalement, je le vois bien coloré. Mon mari fait le clamp autour du cordon avec de la ficelle à rôti. Ça aurait pu être une catastrophe", estime la mère. Très en colère, elle interpelle la ministre de la Santé.

"Moi, j’aimerais dire à Madame Buzyn que la vie de mon fils et la mienne auraient pu être en grand danger parce que les centres de proximité sont fermés. Ça veut dire mettre des femmes sur les routes avec des contractions, c’est d’une dangerosité extrême", affirme-t-elle. 

La ministre de la Santé a regretté sur RMC qu'on lui fasse le procès de vouloir fermer les maternités. 

"La géographie de notre pays est telle que certaines femmes habitent loin des maternités. Je veux trouver des solutions pour que les femmes n’aient plus aucune inquiétude lorsqu’elles sont enceintes. Je suis en train de les travailler pour qu’il y ait en permanence une sage-femme qui puisse les accompagner, un système de transport qui soit disponible à proximité et qui leur assure de pouvoir être accompagnée, un système de chambre d’hôtel hospitalier près des maternités pour que, en cas d’accouchement programmé, elles puissent venir un ou deux jours avant l’accouchement pour être en sécurité", explique la ministre.

Alors Justine réfléchit désormais à attaquer l'état en justice pour mise en danger de la vie d'autrui.

Jean-Baptiste Bourgeon avec Guillaume Descours