Elle vit depuis un an sans frigo: "On mange mieux et ça ne coûte pas plus cher"

Marie Cochard, dans sa cuisine. - Editions Eyrolles.
Marie Cochard, auteure de Notre aventure sans frigo ou presque (éditions Eyrolles). Elle est mère de deux enfants de 4 et 7 ans.
"On avait déjà changé nos modes de consommations puisque nous sommes locavores depuis 7 ans (consommation en circuit court, NDR), et on a voulu pousser le vice jusqu'à essayer d'éviter les produits transformés et tout préparés. Le fait de n'acheter que des produits frais et bruts nous a amené à nous poser la question de l'utilité du frigo. Nous n'achetons que des fruits et légumes frais, des céréales et légumineuses, et nous ne mangeons du poisson et de la viande qu'occasionnellement, que nous consommons le jour de l'achat. En fait, il ne restait plus grand chose dans notre frigo et la plupart des choses que nous achetions pouvait rester dehors. Finalement, une fois que vous sortez les fruits les légumes, les œufs, le café et que vous n'achetez pas de produits transformés, le frigo n'a plus d'utilité.
"Des techniques pour conserver les aliments"
Le fait d'être quatre complique un peu la donne, mais il y a de nombreuses techniques pour conserver ce que nous achetons. On peut par exemple utiliser un beurrier breton pour conserver le beurre. Avec le sucre qu'elle contient, la confiture se conserve naturellement. On minimise les apports de lait, on en consomme moins. Pour le lait du matin nous avons opté pour des boissons végétales (boissons de riz de Camargue, boisson de soja qui vient du sud-ouest, boissons à base d'amandes, de châtaignes…). Et on n'achète que du bon fromage en croute (exit le fromage râpé, sans saveur et qui moisi très rapidement parce qu'il est prédécoupé), que l'on conserve sous cloche et qui garde donc toutes ses bonnes saveurs. Les yaourts par contre, ne sont mangés qu'à la cantine, ou sinon on les mange le jour des courses.
Il y a des techniques aussi pour conserver ses légumes. Par exemple, les carottes se conservent très bien dans le sable. Il y a aussi des associations à ne pas faire : les oignons font germer les pommes de terre ; les bananes et les pommes accélèrent le pourrissement des autres fruits... Ce qui est certain c'est qu'au réfrigérateur, les tomates perdent toute saveur et les bananes noircissent. Donc on conserve tous nos fruits et légumes dans un garde-manger.
Le constat, c'est qu'on s'y retrouve au niveau des saveurs: si vous avez du bon fromage, des fruits et légumes qui ont du goût – notamment les tomates – même si vous faites une cuisine toute simple qui vous prend 10 - 15 minutes, c'est forcément bien meilleur que des carottes râpées qui vont baigner dans une vinaigrette toute prête.
"Je n'ai plus la corvée du supermarché"
Je fais mes courses une fois par semaine: soit de la cueillette, soit le marché, soit la Ruche qui dit oui pour des achats directement aux producteurs. J'achète aussi en vrac pâtes, riz, pois chiches, noix de cajou etc. Je n'ai plus la corvée du supermarché. Même le temps des courses est un moment de plaisir et de partage avec les producteurs ou avec mes enfants, qui goûtent les produits au marché ou participent à la commande.
On dit: 'il faut avoir du temps'. Mais non, il faut le prendre! Je travaille beaucoup, 50 h par semaine, mais quand je vais avoir un moment de pause je veux que ce soit un moment qualitatif. J'ai envie que quand on passe à table, ce soit bon et pas carencé en nutriments.
"Le budget n'a pas explosé"
Le budget n'a pas explosé, au contraire. J'achète un peu moins mais mieux. Parce que les choses sont beaucoup plus roboratives quand elles sont de meilleure qualité. On préfère manger de la viande une fois par semaine, mais de la bonne viande issue d'un animal qui aura pâturé et qui sera plus nourrissante. Ce n'est pas de l'eau! Je vous assure que cela vous cale plus. Les produits frais, ce ne sont que des aliments de base. On n'a plus ce qui est additionnel et qui pèse sur le budget. Les produits de supermarché sont souvent sur-emballés. Là, on ne paie pas le packaging, et on paie en direct. Quant à la cueillette, c'est au poids donc c'est moins cher.
Je ne dis pas que le réfrigérateur est obsolète, ça permet aux gens de préparer à l'avance ou de conserver des restes de repas. Mais c'est très lié à nos sociétés de surconsommation où on achète tout d'un coup et où il va nous rester des choses à la fin du repas tellement on se sert."