"En moins de 10 minutes, j’étais aveugle": une victime d'un ophtalmologue marseillais témoigne

À Marseille, des patients d'un ophtalmologue se mobilisent pour dénoncer les pratiques de ce médecin. Ils lui reprochent d’être devenus malvoyants après une consultation chez ce praticien. Un médecin qui continue d'exercer. Une situation inadmissible pour ces patients victimes de séquelles irréversibles.
Avec ses lunettes aux verres teintés accrochées en permanence sur son nez, Christophe raconte comment sa vie a basculé le 5 octobre 2020, lors d’une consultation chez l’ophtalmologue.
“Je lui ai bien dit, je vois très bien. Je viens vous voir pour les lunettes, pour vérifier si les lunettes ne sont pas la cause de mes migraines. Sans diagnostic ni rien, il m'a fait un laser. En moins de 10 minutes, j’étais aveugle, je ne voyais plus rien”, souligne-t-il.
"Il m’a dit 'je fais des trous'"
Invité de RMC ce mercredi matin, il détaille ce qu’il s’est passé. "A la base, c’est l’ophtalmo de ma mère donc j’avais confiance. Et puis le laser, je ne savais pas ce que c’était. Je lui ai posé la question au bout de quelques secondes. Je lui ai dit ‘docteur, c’est quoi cette machine, c’est nouveau?’ Il m’a dit, 'c’est le laser’. Je lui ai demandé pourquoi? Mais il n’a pas répondu, il continuait, il était dans son truc. J’ai insisté, je lui ai demandé encore une fois: ‘quand vous appuyez sur ce bouton, ça fait quoi sur mes yeux?’. Et il m’a dit 'je fais des trous", raconte-t-il.
Cinq autres patients dénoncent les pratiques de cet ophtalmologue
Il dénonce un ophtalmologue fermé, qui lui donnait peu d’explications. "Il était focus sur son truc, il n’écoutait pas, il me tutoyait. Au bout d’un moment, il me dit ‘Écoute, je termine le deuxième œil et je t’explique’. Et quand il a eu fini, il m’a dit ‘il va falloir que je t’opère parce que ta vue va se dégrader”. Donc je lui demande de m'opérer de quoi et il me répond de la cataracte”, dénonce-t-il.
Ce DJ, qui travaillait dans plusieurs pays, a depuis retrouvé la vue grâce à d’autres médecins. Mais il n’a jamais pu reprendre un travail.
“Ça a impacté ma vie dans sa globalité. Aujourd'hui, j’ai une pension d’handicapé à 1.000 euros par mois. J’ai aussi des douleurs incurables que j’ai tout le temps. Même quand je dors, j’ai mal”, explique-t-il.
Sanctionné par l’ordre des médecins, l’ophtalmologue a fait appel et continue d’exercer. Mais d’autres patients lui reprochent des faits similaires. Philippe Courtois est l’avocat de Christophe. "Il y a cinq patients aujourd’hui dont on dispose de rapports d’expertise médicaux contradictoires qui reconnaissent, pour les cinq, les erreurs qui ont été commises", appuie-t-il.
Par la voix de son avocat, l’ophtalmologue reconnaît seulement s’être trompé de patient lors de la consultation de Christophe. Il réfute toute autre erreur médicale concernant d’autres patients.