RMC
Économie

"Une première mondiale": cette nouvelle étiquette indiquera l'impact de votre t-shirt sur la planète

placeholder video
C'est ce jeudi 1er octobre que débarque l'éco-score textile, qui traduit l'impact environnemental des vêtements, achetés physiquement ou en ligne. "Une première en France et dans le monde", se félicite sur RMC Thibaut Ledunois, directeur de l'innovation à la Fédération française du prêt à porter féminin.

"C'est une première en France et dans le monde. C'est une méthodologie construite en 4 ans avec l'ensemble du secteur", se félicite sur RMC Thibaut Ledunois, directeur de l'innovation à la Fédération française du prêt à porter féminin.

C'est ce jeudi 1er octobre qu'est officiellement lancé l'éco-score textile, qui se traduit par l'affichage d'une étiquette sur les vêtements, également visible en ligne, réfletant son impact environnemental. Il est toutefois non-obligatoire, à l'instar du Nutri-score pour les produits alimentaires.

Pas de vert ni de rouge

"Ce n’est pas un système en vert et rouge, donc moins lisible, mais il faut l’aborder comme un équivalent des calories : un bon t-shirt, fabriqué avec des matières premières de qualité, correspond à quelques centaines de points", explique Thibaut Ledunois.

"Sur l’étiquette des vêtements, deux nombres apparaissent: le premier est l’impact environnemental total du vêtement c’est-à-dire le coût environnemental. Le deuxième, est le coût environnemental rapporté à 100g de vêtement. A l’instar du prix en € d’un jus de fruit et de son prix rapporté à 1L de jus de fruit. Plus la valeur est élevée, plus l’impact du vêtement sur la planète est fort", peut-on lire sur le site du ministère de l'Ecologie.

"Les gens, leur priorité, c'est le pouvoir d'achat. L'écologie, c'est le dernier de leur soucis", assure Marie, créatrice de robes de mariée"

Tonalité toutefois différente du côté des commerçants et artisans. "Ca peut peut-être aider mais ce n'est pas le bon moment. Les gens, leur priorité, c'est le pouvoir d'achat. Clairement, entre la fin du monde et la fin du mois, c'est toujours la fin du mois qui gagne. L'écologie, c'est le dernier de leur soucis", assure au micro d'Apolline Matin Marie, 48 ans et créatrice de robes de mariée.

"Le combat contre la fast-fashion, c'est une rééducation du consommateur, lui réapprendre qui fait les vêtements, qui il y a derrière, combien cela côute de faire un vêtement en France", fait-elle valoir.

La qualité, ça se paie, sauf que les consommateurs ne le comprennent pas toujours forcément, regrette cette artisan. "On perd des clients à cause du prix, mais quand ils parlent à la personne qui fait la robe, le discours passe mieux. Mais la plupart arrivent avec des photos de Shein, Temu ou Alix express. Quand on leur dit que la robe qu'ils ont repéré à 75 euros coûtera 1.500 euros chez nous, l'écart de prix est incompréhensible, c'est très difficile."

"Choix éclairés"

La ministre Agnès Pannier-Runacher revendique ce jeudi sur le réseau social X deux objectifs, à savoir "lutter contre l’ultra fast-fashion en donnant aux consommateurs l'information pour faire des choix éclairés" et "faire de ce score un outil de pilotage des efforts des marques pour "produire mieux".

Concrètement, l'éco-score textile prend en compte différents paramètres, tels la consommation en eau, les émissions de gaz à effet de serre, la toxicité mais aussi les possibilités de recyclage ou réparation, le relargage de fibres microplastiques (ce qui est rejeté lors du lavage) et un "coefficient de fast fashion" qui prend notamment en compte les volumes de production.

"Empêcher le green-washing"

"Aujourd’hui, l’Europe et le reste du monde sont envahis par l’ultra fast fashion, qui propose des vêtements de très faible qualité, accompagnés de pratiques marketing extrêmement agressives. L’affichage environnemental vise à agréger l’ensemble de ces dimensions : à la fois l’impact écologique et le comportement commercial de la marque", détaille Thibaut Ledunois.

Si l'affichage environnemental reste faculatif, "il devient obligatoire pour les marques qui affichaient déjà une partie de leur impact environnemental. Ainsi, une entreprise qui indiquait simplement les kilos de CO2 par produit devra désormais publier un coût environnemental global. Cela vise à limiter, voire empêcher, le greenwashing", relève le directeur de l'innovation à la Fédération française du prêt à porter féminin.

La loi anti-fashion n'est pas encore entrée en vigueur

Dans le cadre de la loi pour freinner l'essor de la fast-fashion, adoptée à l'unanimité au Sénat le 10 juin dernier - mais dont la mise en oeuvre est conditionnée par une commission mixte paritaire prévue cet automne - des pénalités sont prévues pour les entreprises polluantes avec un système de bonus-malus. "Un objectif majeur est de recréer la confiance entre les marques et les consommateurs", soutient Thibaut Ledunois. "Les achats sont souvent subis à cause de la publicité, de la gratuité apparente ou des promotions, qui poussent à acheter une dizaine de produits inutiles."

Des "écocontributions" seront demandées aux plateformes en fonction notamment d'un "coefficient de durabilité" de leurs produits. Le montant des pénalités, renvoyé à un cahier des charges ministériel, devra néanmoins être au minimum de 5 euros par produit en 2025 et d'au moins 10 euros en 2030, dans la limite de 50% du prix hors taxe du produit.

La solution conso : Troc de vêtements, vraiment rentable ? - 18/09
La solution conso : Troc de vêtements, vraiment rentable ? - 18/09
2:26

L'Union européenne souhaite de son côté développer un affichage environnemental obligatoire, a déclaré mardi 9 septembre à l'AFP le cabinet de la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher.

Plus de la moitié des vêtements dans nos placards restent inutilisés, rapporte l'Ademe. Or "seulement un tiers des consommateurs considère qu'il a trop de vêtements", note Pierre Galio, chef du service consommation responsable de l'Ademe, en conférence de presse.

Léo Manson