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Faut-il inciter financièrement les hôpitaux à réorienter les petites urgences?

Les hôpitaux sont financés à l'activité, ainsi, et ne sont ainsi pas incités à réorienter les patients qui auraient pu se contenter d'un généraliste. Ainsi, un député propose un "forfait de réorientation" afin de vraiment désengorger les services.

Faut-il inciter les hôpitaux à renvoyer les patients non-urgents vers les médecins de ville ? C’est le sens de l’amendement déposé par le député de l’Isère, Olivier Véran, dans le cadre du projet de loi de finances de la sécurité sociale. Il sera examiné dans la semaine. L’idée est bien évidemment de désengorger les urgences.

Chaque année, 23 millions de patients poussent la porte des urgences. C’est 2 fois plus qu’il y a 20 ans. Patients, médecins, gouvernement, tout le monde est d’accord : ce n’est plus tenable. D’autant qu’un quart voire un tiers des patients reçus aux urgences auraient très bien pu se contenter d’aller consulter leur généraliste.

Les hôpitaux pas incités à réorienter

Le problème, c’est que les médecins de ville sont débordés. Et que les hôpitaux touchent entre 80 et 250€ de forfait de la sécu quand ils admettent un patient. Ils ne sont donc pas du tout incités à les réorienter. Et c’est cela que le député de l’Isère Olivier Véran veut changer.

"Ce que je propose est de créer un forfait de réorientation. Ce n'est pas une idée saugrenue, ça s'explique par le contexte du financement à l'activité. Plus vous avez de malades plus vous avez de l'argent pour l'hôpital. Pour casser cette dynamique je propose de financer la réorientation vers des structures de ville. Il faut essayer ! Allez aux urgences, comptez le nombre de malades qui attendent... Ca suffit"

"On se demande si les députés n'ont pas fumé la moquette"

Olivier Véran propose de mettre en place un forfait de réorientation. Entre 40 et 60€ versé à l’hôpital s’il décide de renvoyer le patient vers le médecin de ville. Une idée digne du père Ubu selon la confédération des syndicats médicaux français, 1er syndicat de la profession. Même chose pour l’autre syndicat, la fédération des médecins de France, présidée par Jean-Paul Hamon.

"On se demande si les députés n'ont pas fumé la moquette. Là ils font perdre aux urgences 190 euros par patient et on renvoie sur les médecins libéraux pour lesquels il n'est prévu aucune rémunération supplémentaire. Ca ne règle rien et n'encourage pas un vrai parcours de soins."

L’amendement a été adoptée la semaine dernière en commission. Il sera examiné en séance à l’Assemblée cette semaine. Agnès Buzyn se dit favorable à condition de ne réorienter que les patients dont le passage aux urgences n’est pas justifié.

Matthieu Rouault (avec J.A.)