Faute de médecins, une maire met en demeure l'État: "La sécurité sanitaire des citoyens est en jeu"

Patricia Granet-Brunello, maire DVG de Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence), a signé un arrêté le 28 août mettant en demeure l'État ainsi que l'Agence régionale de santé (ARS). Celui-ci a été émis en raison des "troubles à l’ordre public suscités par une offre sanitaire manifestement insuffisante pour garantir l’égalité d’accès aux soins de ses administrés". L'édile a assumé ce vendredi sur RMC "tire[r] la sonnette d'alarme violemment "et appelle "l'Etat à réagir et prenne des mesures".
Dans l'arrêté, relayé jeudi par nos confrères du Dauphiné Libéré, il est exigé le "recrutement de 11 professionnels de santé dédiés aux servies d'urgence des hôpitaux à Digne-les-Bains, Manosque et de professionnels de santé en nombre suffisant pour les urgences de Sisteron".
"Une aggravation régulière" de la désertification médicale
"À cause de la désertification médicale, les citoyens n'ont pas un accès aux soins équitables. Leur sécurité sanitaire est en jeu", s'est justifiée Patricia Granet-Brunello, qui a aussi expliqué avoir pris cette démarche "en lien" avec celle initiée par plusieurs maires des Côtes-d'Armor, en Bretagne.
L'élue, qui est aussi médecin hospitalière à mi-temps à Digne-les-Bains, s'est alarmée de voir "arriver des patients dans états cliniques à risque au niveau du pronostic vital", faute de trouver des médecins. "On constate une aggravation régulière" de la désertification médicale, "c'est pour ça l'arrêté, c'est pour dire 'stop', il faut agir maintenant."
"Nous sommes impactés car nous sommes dans la ruralité, mais combien de services d'urgences de CHU ont fermé ou ont été en difficulté cette année en France? Vous mesurez l'étendue du problème", s'inquiète Patricia Granet-Brunello
Patricia Granet-Brunello a plaidé notamment pour une "réorganisation de l'hôpital", citant des soigants "pas assez nombreux" et "qui n'en peuvent plus". Elle a expliqué notamment la nécessité de mieux rediriger des patients qui se présentent aux urgences pour de la "bobologie" ou des "ordonnances" vers des médecins libéraux, qui "eux aussi, sont en tension", a-t-elle concédé. "Il faut qu'on arrive à définir des petites plages sur le temps de travail.
"Cet état de fait ne peut plus continuer", a martelé la maire, qui explique ne pas prendre cet arrêté uniquement pour "donner un grand coup d'épée dans l'eau". Elle a notamment demandé la mise en place d'une "cellule de coordination" afin de "trouver des solutions pragmatiques et pratiques pour tenir la rampe, le temps qu'on trouve un nombre de médecins correct".