Fin de la grippe aviaire: "ça me fait hurler quand je vois qu'on parle de soulagement"
Lionel Candelon est fondateur des "Canards en colère", qui défend les petits éleveurs de canards:
"Pour nous, c'est comme l'année dernière. Nous ne sommes pas à l'abri que cet été il y ait deux-trois foyers de grippe aviaire qui réapparaissent comme c'était le cas l'année dernière après le vide sanitaire. Nous avions eu 6 cas dans le sud-ouest.
Le problème c'est qu'aujourd'hui, la filière n'a toujours pas été indemnisée. Sur l'année dernière, il manque toujours le solde, sachant que les règles de calcul ont changé donc certains doivent rendre une partie de leurs indemnisations. Par exemple, mon père aura été indemnisé à hauteur de 33% des pertes réelles sur la crise de 2016.
Ça fait 6 mois qu'on est arrêtés. Et pendant ce temps-là, ils ne sont pas indemnisés. Comment voulez-vous que ces gens-là survivent? C'est impossible qu'une entreprise française qui ne travaille pas pendant 6 mois continue à tourner. Cette année, la cerise sur le gâteau, c'est qu'on nous met des normes de redémarrage. Ça veut dire que des gens vont venir chez nous contrôler les exploitations et s'ils ne cochent pas toutes les cases, vous ne redémarrez plus.
"Les gens ne peuvent plus continuer à travailler comme ça"
Les gens ne peuvent plus continuer à travailler comme ça, ce n'est pas possible. Ça me fait hurler quand je vois que les médias parlent de 'soulagement'. Mais aucune mesure efficace n'a été prise. Donc là en novembre, le virus peut revenir.
Il faudrait aujourd'hui que les industriels arrêtent de vouloir absolument éliminer toute la concurrence. Ceux qui négocient par l'intermédiaire du Cifog (Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras) aujourd'hui, ce sont les présidents des grandes coopératives, les présidents qui sont aussi dans les chambres d'agriculture. Les petits éleveurs ne peuvent pas faire les mêmes investissements que les gros éleveurs.
Je connais une cinquantaine de personnes qui jettent l'éponge. Mon père se pose la question d'arrêter. Il n'a plus envie.
La majorité des éleveurs à l'arrêt ont entre 40 et 50 ans, ce sont des pères de famille. Vous les privez de salaire pendant 6 mois. Vous les indemnisez à hauteur de 30% des pertes, ils ne vont pas repartir. Et les banques ne les suivent plus.
Et que vont faire les gens qui sont à 10 ans de la retraite? On ne se reconvertit pas comme ça dans l'agriculture!"