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Grippe aviaire: "aujourd'hui, c'est grâce à nos voisins que notre frigo est plein"

La zone d'abattage préventif des canards et des oies, destiné à endiguer l'épizootie de grippe aviaire dans le Sud-Ouest, a été étendue à 685 communes au total, selon un arrêté publié la semaine dernière au Journal officiel. Et, sur place, l'inquiétude est vive chez les éleveurs et producteurs.

Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a estimé lundi qu'on arrivait bientôt "au bout" de l'actuelle épidémie de grippe aviaire qui a décimé une nouvelle fois les élevages français, notamment de canards, et souhaité un "pacte" pour anticiper les prochains épisodes de ce type. Pourtant, la semaine dernière, la zone d'abattage préventif des canards et des oies, destiné à endiguer l'épizootie de grippe aviaire dans le Sud-Ouest, a été étendue à 685 communes au total, selon un arrêté publié au Journal officiel.

Dès lors, sur place, l'inquiétude est vive. D'autant plus que la plupart des éleveurs du Sud-Ouest n’ont pas été indemnisés en totalité pour la crise de 2016. C’est le cas de ce couple installé dans les Landes. Ils n’ont touché que 70% des indemnisations prévues et depuis trois mois, il n’y a plus de canards dans les hangars en raison de la nouvelle épidémie. Ils sont donc au chômage technique. "J'ai une salle de gavage qui m'a coûté 500.000 euros et qui est vide depuis trois mois, déplore Florent. Et on ne produira plus pendant encore six mois…"

"Moralement, c'est très dur"

Sans revenu, Florent et Jennifer ne peuvent pas payer les 4.000 euros de crédits mensuels. Pour se nourrir avec leur petit garçon de 8 mois, ils comptent sur la générosité des villageois et des associations: "Aujourd'hui, c'est grâce à nos voisins que notre frigo est plein. Et pour le petit, c'est le Secours catholique qui nous a donné des petits pots, des couches, tout le nécessaire vital pour qu'il soit bien…"

"Moralement, c'est très dur, assure Florent. On ne pense pas avoir besoin d'aller dans une association pour nourrir notre enfant". Aujourd'hui, cet éleveur en veut beaucoup au gouvernement: "Ils nous laissent crever dans nos exploitations, dans nos campagnes alors qu'eux dans leurs bureaux et s'en foutent". Le couple, installé depuis quatre ans, espère donc que la crise prendra fin avant le début de l’été. Car pour eux, c’est réellement une question de survie.

M.R avec Jean-Wilfrid Forquès