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Fin de vie: les députés toujours indécis face au projet de loi, aucune consigne de vote donnée

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Alors que l'examen du projet de loi sur la fin de vie a débuté lundi à l'Assemblée nationale, les députés qui vont devoir voter ce texte ne sont pas encore sûrs de leur choix. Chose rare, tous les groupes politiques laissent une liberté de vote totale à leurs élus.

L'examen du projet de loi sur la fin de vie a débuté lundi à l'Assemblée nationale. La première lecture en séance publique va durer 2 semaines sur la base d'un texte remanié en Commission spéciale dans la nuit du vendredi 17 au samedi 18 mai, un peu moins "équilibré" que la première mouture, celle souhaitée par le gouvernement.

Le texte sera en tout cas amendé, remanié, mais quoi qu'il en soit, il doit créer une aide active à mourir, sous conditions pour certains patients. Dans la version modifiée en Commission, le patient aura le choix entre prendre seul le produit mortel ou se faire aider par le médecin, voire par un proche. L'euthanasie, qui ne devait pas être considérée comme un soin, le serait désormais, contre l'avis des professionnels de santé.

Mais le plus important, c'est surtout la modification de l'article 6 du projet de loi qui fait réagir. Cet article détermine les conditions d'accès à l'aide à mourir. Dans sa version initiale : elle n'aurait été réservée qu'aux patients dont le pronostic vital était engagé à court et moyen terme. Mais un amendement fait maintenant disparaître ces termes, et mentionne seulement les patients souffrant d'une maladie en phase avancée ou terminale.

Les députés encore dans le flou

Comme c'est souvent le cas sur des sujets sociétaux, les partis laissent la liberté de vote aux députés. Il faut dire que ce sujet bouscule les croyances, au-delà même des convictions politiques. Certains députés ne sont pas encore fixés sur leur vote, parfois déconcertés, en tout cas touchés dans leur intimité par la question.

C'est le cas de Pierre Cazeneuve. L'aide à mourir, il y était, d'emblée, plutôt favorable. Mais en 6 mois, le député Renaissance est allé en immersion dans une unité de soins palliatifs, et s'est rendu jusqu'en Belgique où l'euthanasie est autorisée. Aujourd'hui, ses certitudes sont ébranlées.

"J'ai eu des témoignages d'une aide soignante, qui m'a dit très sincèrement 'vous savez la mort c'est un des moments les plus importants de la vie' Ça fait 3 mois que je cogite dessus, sur comment on gère ce temps-là, avec la personne qui décède mais aussi avec son entourage, ses proches, ce que ça laisse comme trace", explique-t-il.

Une fois fixé sur son vote, Pierre Cazeneuve expliquera son choix à ses administrés.

Aucun groupe n'a donné de consigne de vote à ses députés

La députée du MoDem Geneviève Darrieussecq doute elle aussi. Membre de la Commission spéciale sur la fin de vie, elle a désormais plus de questions que de réponses : "J'ai relu toutes les notes que j'avais prises lors des auditions, ceux qui sont pour, ceux qui sont contre. Je ne suis pas fixée, j'espère que beaucoup de personnes ne sont pas fixées".

La députée écologiste Sandrine Rousseau, elle, l'est, profondément. Il n'y a aucun doute. Si l'élue milite pour cette loi, c'est parce que sa mère a mis fin à ses jours pour abréger ses souffrances en sa présence:

"Je me suis rendue compte dans le détail, du sordide que c'est de ne pas avoir cette aide", justifie Sandrine Rousseau.

Chose rare : tous les députés auront une liberté de vote sur ce texte, aucun groupe politique n'ayant donné de consigne.

SG avec Hélène Terzian