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Grève des pharmacies samedi: "L'État fait les poches des professionnels de santé"

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Les professionnels du secteur jugent que cette mesure du gouvernement porte atteinte à leur survie. Ils ont choisi le 16 août, en plein week-end prolongé, pour montrer porte close sur trois jours consécutifs. "L'État fait les poches des professionnels de santé pour enrichir les labos", dénonce sur RMC Cyril Colombani, président de l’USPO Alpes Maritimes.

La mobilisation s'annonce très suivie. Neuf officines sur dix seront fermées ce samedi pour protester contre la baisse des remises commerciales sur les génériques décrétée par le gouvernement.

Dès le 1er septembre, les plafonds de ces remises passeront de 40% à 30%. Une baisse graduelle sera ensuite opérée au fil des mois pour atteindre 20%. Les marges des pharmaciens sur les prix de vente des médicaments vont donc drastiquement baisser.

"Ça va être entre 15 et 30.000 euros de marge en moins au fur et à mesure des baisses. Sur une entreprise, ça veut dire à minima des licenciements et des fermetures pour les pharmacies les plus fragiles, car elles ne pourront plus payer leurs charges", déplore Cyril Colombani, président de l’USPO Alpes Maritimes, à l’initiative du mouvement, dans Apolline Matin. Il estime en outre que 2.000 à 4.000 officines pourraient fermer sur le territoire.

Une fermeture de 3 jours consécutifs

Jugeant cette mesure menaçante pour leur survie, les pharmaciens ont décidé de riposter, comme Nicolas Kremer. Ils ont choisi le 16 août, en plein week-end prolongé, pour marquer davantage leur temps de fermeture.

Ce sont donc "3 jours de fermeture consécutifs qui peuvent laisser entrevoir la désertification qu'il pourrait y avoir et que les patients se rendent compte de ce que pourrait être une France sans maillage officinale", explique le pharmacien, qui rappelle les difficultés financières des officines.

Aujourd'hui, une pharmacie ferme quasiment chaque jour en France. Selon Nicolas Kremer, cette réforme devrait provoquer la fermeture d'un tiers du réseau. Ce qui touche directement les Français. "Ça voudrait dire que les patients pourraient faire 20 à 30 km pour trouver une pharmacie", dit-il.

Des ruptures de stock en hausse

Outre la distance nécessaire à parcourir pour se soigner, les patients devraient également rencontrer des difficultés pour trouver leurs médicaments. "Le gouvernement, en parallèle, veut aussi baisser les prix des génériques qui sont les moins chers d'Europe. Aujourd'hui, on a tous les jours des patients qui ne trouvent plus leurs médicaments, on a des ruptures à des niveaux que l'on n'a jamais connus", fait savoir Cyril Colombani sur RMC.

La baisse des ristournes et la baisse des prix entraîneront donc une baisse de la fabrication des laboratoires. Résultat: la liste des ruptures devrait s'allonger. A ce jour, l'insuline est déjà concernée par des tensions d'approvisionnement.

Les Français s'inquiètent. "C'est terrible, déjà que c'est galère au niveau des médecins, alors s'il y a en plus les pharmacies, ça va être quoi dans quelques années ?", s'interroge une patiente.

La colère des pharmaciens est vive. L'Union des syndicats de pharmaciens d'officine a annoncé dans un communiqué préparer "une double procédure juridique contre l'Etat". Si le gouvernement ne fait pas marche arrière en suspendant son arrêté, une autre fermeture est programmée le 18 septembre, puis tous les samedis dès le 27 septembre.

Lucile Pascanet avec Mélanie Hennebique