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Santé

Déserts médicaux: le gouvernement veut réguler l'installation des médecins, qui s'y opposent

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Pour lutter contre les déserts médicaux, le gouvernement de François Bayrou souhaite instaurer une régulation de l'installation des médecins. Fermement opposés à cette mesure, les syndicats de la profession ne veulent pas céder leur liberté d'installation.

Parmi les quatre chantiers à lancer au mois d'avril qu'il a annoncés, le Premier ministre François Bayrou a promis de s'attaquer à la problématique de "l'accès aux soins". "Le gouvernement se mobilisera aux côtés des parlementaires qui souhaitent prendre des initiatives", a-t-il estimé à propos des déserts médicaux.

Le Premier ministre fait référence à une proposition de loi à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale la semaine prochaine, un texte transpartisan signé par 258 députés. L'objectif est de mieux répartir les professionnels de santé sur le territoire.

La proposition de loi prévoit de réguler l’installation des médecins. L’article premier du texte crée une "autorisation d’installation des médecins", qui serait délivrée par les Agences régionales de santé. Cette autorisation sera automatique dans les déserts médicaux. En dehors, elle ne serait accordée que suite à la cessation d’activité d’un praticien.

La profession s'inquiète

Les différents gouvernements ont déjà essayé les incitations financières pour l’installation des médecins, ou la télémédecine, mais ces tentatives ont montré des résultats insatisfaisants selon un rapport du Sénat de 2022.

La régulation, ça inquiète particulièrement les jeunes et futurs médecins. Plusieurs syndicats tentent de se mobiliser en opposition. "Nous refusons de payer les pots cassés des politiques des décennies passées", clament-ils notamment. Ils tiennent à leur liberté d’installation.

Le texte prévoit aussi d’obliger tous les médecins à participer à la permanence des soins, aux heures de garde en dehors des heures d’ouverture des cabinets. Les députés veulent aussi faciliter l’installation de médecins étrangers sur le territoire ou encore proposer des études de première année de médecine dans tous les départements.

Selon la Fédération Hospitalière de France, deux tiers des Français ont déjà renoncé à au moins un acte de soin ces 5 dernières années par manque de professionnels de santé à proximité. En 2024, il fallait 10 jours en moyenne pour un rendez-vous chez le médecin généraliste, contre 4 jours en 2019. Il y a évidemment des disparités régionales, dans les zones rurales notamment. Dans l’Allier, par exemple, pour 100.000 habitants, il existe 105 généralistes, alors que la moyenne nationale sélève à 120.

L'Île-de-France particulièrement touchée

Le rapport du Sénat en 2022 précisait qu’un Français sur 3 vivait dans un désert médical, et cette situation concernait plus de 60% des Franciliens. La région parisienne n’est pas suffisamment attractive pour les médecins en termes de rapport entre le coût de la vie et le prix de la consultation. 92% de la Seine-Saint-Denis est classée en situation de désert médical.

Enfin il y a une question de vieillissement du personnel médical. Dans des régions comme la Bretagne ou les Hauts-de-France, de nombreuses communes voient leurs médecins partir en retraite, sans relève.

Le manque de médecins spécialistes préoccupe également le gouvernement. Les zones rurales sont dépourvues de pédiatres, de gynécologues, d'ophtalmologue et de dermatologues. Ces spécialistes sont beaucoup plus attirés par les grandes villes.

Matthieu Belliard