Grippe et fêtes de Noël: les maisons de retraite au bord du burn-out

Dans les établissements au service des personnes âgées (Ehpad), cette période de fêtes est compliquée. Il faut faire face à la grippe et au congés d'hiver, dans un secteur qui souffre déjà habituellement de manque de moyens et d'effectifs. Reportage dans la Sarthe.

Rolande, 89 ans, est depuis deux ans à l'Ephad Le Foyer de la Fuye, dans la la Sarthe. Elle est la première à constater le manque de personnel: "Il n'y a qu'une personne pour nous servir le petit déjeuner le matin alors que nous sommes toujours le même nombre de personnes. Il faut qu'elle fasse le double de travail dans le même temps. Elle n'a pas le temps de parler, c'est sûr qu'on regrette de ne pas les avoir un peu plus à notre écoute".

Un regret partagé par Sarah, aide-soignante dans cet établissement depuis 20 ans: "On aimerait passer plus de temps auprès des résidents qui sont isolés, qui ne voient pas leur famille, qui ne voit personne à Noël. Sauf qu'on n'a pas les moyens, pas le temps, pas le personnel".

"Fatigant et extrêmement frustrant"

Pour le directeur de l'établissement, Frédéric Simon, la période hivernale révèle des problèmes qui font le quotidien des maisons de retraite: "Les ratios qui nous sont accordés par les autorités de tarification ne sont pas suffisants. Ces problèmes que l'on vit toute l'année sur la tension du personnel, on les ressent encore plus en ce moment puisque ce sont des périodes où les valeurs familiales sont davantage mises en exergue".

Une situation problématique généralisée, explique Claudy Jarry, président de la Fédération nationale des associations de directeurs d'établissements et services pour personnes âgées (Fnadepa):

"Pour les personnes âgées, les temps de réponse des personnels seront plus longs, la toilette, l'aide aux repas se feront dans des conditions moins bonnes, plus rapidement, tout simplement parce que la grippe frappe les personnes âgées et le personnel. Donc la demande d'accompagnement augmente au moment où les moyens mobilisables sont plus faibles. C'est à la fois très fatigant et extrêmement frustrant pour les personnels qui ont une éthique et qui doivent malheureusement déroger à des principes de base qui fondent nos métiers".

La Fédération nationale des établissements pour personnes âgées réclame des moyens complémentaires en urgence.

P.B. (avec M. B-G.)