Information judiciaire ouverte sur les respirateurs Philips défectueux: "Qu'on reconnaisse qu'ils ont menti"

Une information judiciaire ouverte dans le dossier des respirateurs Philips défectueux. Ces appareils ont été utilisés notamment par les patients qui souffrent d'apnée du sommeil, mais la mousse qu'ils contenaient était toxique. Les appareils ont fini par être rappelés, mais certains patients ont respiré Phillips pendant des années.
En tout, il y a 105 plaintes de particuliers déposées, une plainte de l’association FFAIR (Fédération française des Associations et Amicales d’Insuffisants Respiratoires), une autre de la FNATH (Association des Accidentés de la Vie) et un signalement de l’ANSM au titre de l’article 40 du CPP en date du 02 mars 2023. Aux États-Unis, le groupe a annoncé fin avril qu'il paierait 1,1 milliard de dollars pour régler ses litiges dans ce pays concernant ces appareils.
"Le but, c'est qu'on reconnaisse qu'un grand groupe a menti et s'est moqué de ses patients"
Ainsi, un juge d'instruction a été saisi, a-t-on appris mardi. Il enquête depuis le 12 juin sur des soupçons de tromperie aggravée. Le groupe Philips aurait commercialisé des respirateurs contenant une mousse toxique et potentiellement cancérigène.
“Je fais confiance à la justice pour aller jusqu'au bout”, dit Christian Trouchot, qui a utilisé un appareil Philips pendant plus de 10 ans.
“Je me réjouis parce que je me dis que tous ceux qui, comme moi, ont utilisé cet appareil, méritent le respect. On n'est pas là pour s'enrichir, le but, c'est qu'on reconnaisse qu'un grand groupe a menti et s'est moqué de ses patients. Que dans la construction d'un matériel de santé, on a utilisé un matériel de BTP. C'est complètement délirant. Une fois que la santé est foutue, elle est foutue, qu'allez-vous faire avec votre argent?”, questionne-t-il.
"C'est une victoire d'étape"
Une enquête préliminaire était bien menée par des gendarmes, mais le juge d'instruction a plus de pouvoirs, souligne Maitre Lèguevaques. L'avocat porte une action collective contre Philips
“C'est une victoire d'étape, puisque ça fait trois ans qu'on essaie de convaincre la justice de mener l'enquête. Donc, nous avons un juge d'instruction, l'enquête peut commencer, les victimes sont satisfaites”.
Il conclut: “Enfin, on les écoute, on tient compte des éléments qu'on a récupérés notamment aux États-Unis et qui permettent de démontrer que Philips connaissait le problème sur ces respirateurs depuis au moins 2015 et qu'il a trompé le public et les autorités sur la dangerosité de ses produits.” L'avocat espère des poursuites et un procès contre le fabricant des respirateurs d'ici 2 à 3 ans. Sollicité par RMC, le groupe Philips France n'a pas donné suite.