Injections illégales de botox: "On a déjà fait des amputations de lèvres, de nez" alerte un médecin

Les injections de botox dans les lèvres ont le vent en poupe. Et les pratiques illégales aussi. Deux soeurs sont jugées ce mercredi au tribunal de Valenciennes pour des injections illégales d'acide de botox et d'acide hyaluronique dans les lèvres d'une centaine de clientes, dont 30 se sont portées partie civile.
Certaines victimes ont eu des complications graves. "Quand on fait des injections sans connaître l'anatomie, il y a des risques très importants, notamment celui de toucher une artère qui peut conduire à une nécrose", alerte le docteur Adel Louafi, chirurgien esthétique à Paris et président du Syndicat national de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique, dans "Apolline Matin" ce mercredi sur RMC et RMC Story.
"On a déjà fait des amputations de lèvres et de nez, il peut aussi y avoir des pertes de vision et possiblement des AVC", ajoute le praticien.
Les victimes parfois menacées de mort
"A mon cabinet, j'ai déjà fait hospitaliser six personnes. Les victimes portent peu plainte parce qu'elles ont honte et peur. Il y a des menaces de mort et elles ne savent même pas qui est la personne qui leur a fait les injections. Elles sont souvent itinérantes et louent des appartements pour pratiquer leurs injections", raconte le chirurgien esthétique, qui déplore l'absence de "consentement éclairé" et le manque d'information sur les risques.
Quant à celles qui injectent illégalement du botox et de l'acide hyaluronique, elles encourent une condamnation pénale pour exercice illégal de la médecine, tromperie, et escroquerie, et tromperie en matière de santé, qui peut aller jusqu'à 7 ans de prison et 700.000€ d'amende, rappelle Adel Louafi.
Personne n'est autorisé à faire des injections mais pourtant, l'acide hyaluronique est en vente libre: "C'est une anomalie réglementaire, nous avons alerté les autorités sanitaires sur le sujet", assure le praticien, qui explique qu'il ne faut pas non plus s'injecter soi-même de l'acide. "Moi-même qui suis chirurgien, je ne peux pas m'injecter l'acide, même si je connais l'anatomie, parce que je ne peux pas faire les gestes de sécurité", explique Adel Louafi.