"Je ne sais pas comment je vais tenir": les infirmiers libéraux alertent face à la pénibilité de leur métier

Une enquête de l'Inspection générale de la santé et des affaires sociales sur la pénibilité du métier d'infirmier libéral. Le ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux, a annoncé ce mardi à l'Assemblée nationale son ouverture et a demandé un rapport sur la prise en compte de la pénibilité de cette profession de santé.
Depuis fin janvier, le collectif syndical des Infirmiers en colère et le syndicat représentatif Convergence infirmière, organisent une mobilisation perlée sur le territoire, avec barrages filtrants et distributions de tracts. Les soignants, usés par leur quotidien, réclament une reconnaissance de leur métier.
Mélina raconte une suite infinie de journées de 12h, un téléphone portable allumé en permanence. Cette femme aux traits tirés est infirmière libérale depuis plus de 20 ans.
“Le matin, je peux me retrouver à 6h30 à quatre pattes par terre pour enfiler des chaussures ou ne serait-ce que des bas de contention. Donc ce sont des corps à soulever, à manipuler, des postures qui peuvent être pénibles. Moi, j’ai de l’arthrose au niveau des mains. Et bien sûr, plus vous vieillissez, plus ces douleurs s’installent”, témoigne-t-elle.
Partir plus tôt en retraite, une nécessité
Et c’est sans compter la solitude dans sa voiture ou face au patient, dit-elle, émue. “Je ne sais pas, très honnêtement, comment je vais pouvoir faire et tenir”, confie-t-elle.
“On a fait une enquête avec le syndicat, on a 56% d’infirmières qui veulent se reconvertir dans les 5 ans”, pointe Ghislaine Sicre, présidente du syndicat Convergence infirmière. Reconnaître la pénibilité du métier, c'est permettre par exemple aux infirmières de partir plus tôt à la retraite.
“Il y a urgence à laisser partir les infirmières bien plus tôt. Une infirmière a sept ans d’espérance de vie en moins”, assure-t-elle.
Les tarifs des actes infirmiers n'ont pas augmenté depuis plus de dix ans, précise-t-elle. Pour gagner autant, les infirmières doivent donc travailler plus.