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"Je vais me retrouver facilement perdue, même dans mon propre appartement”: pourquoi le confinement affecte-t-il plus les personnes autistes ?

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Les personnes atteintes de troubles psychiques ou psychiatriques ne peuvent pas consulter leurs médecins ou leurs thérapeutes pendant le confinement. Les psychiatres ont tiré la sonnette d'alarme dans une tribune publiée mercredi.

Âgée de 35 ans, Maria souffre du syndrome d’Asperger, une forme d’autisme. Le confinement, est une période particulièrement difficile à vivre. “Le fait d’être seule chez-soi et de ne plus vraiment avoir de contact avec l’extérieur et de perdre un pied avec la réalité fait que réussir à sortir de cette crise c’est vraiment compliqué”, explique-t-elle. 

Comme près de 12 millions de Français, Maria souffre de problèmes psychiques, notamment des troubles anxieux lié au contact avec les autres. Ne voir personne durant plusieurs jours, c’est quelque chose qu’elle connaît.

“C’est un peu à mon avis les autres qui découvrent ce que moi en tant qu’autiste, je vis au quotidien”, indique-t-elle.

Le confinement provoque des pertes de repères

Maria peut heureusement compter sur une thérapeute qu’elle appelle régulièrement, ainsi que sur un médecin qui vient chaque semaine lui donner ses médicaments. Mais le plus dur durant cette période, c’est la perte de repères.

“Ce qui rythmait mes jours, mes semaines, les courses, les rendez-vous, tout ça à disparu. Je vais me retrouver beaucoup plus facilement qu’avant, perdue, même dans mon propre appartement”, indique-t-elle.

Comme Maria, ils sont nombreux à ne pas avoir accès à un suivi psychiatrique. Des mesures recommandées, car ces personnes sont plus vulnérables au Covid-19. Pour le professeur Antoine Pelissolo, chef du service psychiatrie à l'hôpital Henri-Mondor à Créteil, ce confinement peut en effet avoir de graves conséquences pour ces personnes. 

"Il y a des personnes qui ont des maladies mentales qui sont déjà suivies, mais qui risquent d’être moins bien suivis parce qu’on a du mal à avoir les structures de soins ouvertes comme d’habitude. Et puis le contexte général, c’est-à-dire le fait de rester chez soi sans l’appui des amis ou du reste de la famille, ou alors au contraire d’être dans une promiscuité un peu difficile à la maison, tout ça concourt à produire des angoisses ou des troubles du comportement qui peuvent être plus sévères", détaille-t-il.

Rémi dos Santos avec Guillaume Descours