Jusqu'à 96h de travail par semaine: "À un moment, on fera des erreurs", alerte un médecin urgentiste

Les médecins des services d'urgence invités à "entrer en résistance". Dans un communiqué commun, le syndicat Samu-Urgences (SUdF) et l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf) dénoncent les conditions d'exercice et le temps de travail additionnel des médecins urgentistes cet été.
Les deux organisations demandent à tous les urgentistes de limiter leur temps de travail aux de 48 heures hebdomadaires maximales. Certains médecins sont obligés de travailler 96 heures par semaine. "Ils ne veulent pas laisser le système s'effondrer. C'est psychologiquement compliqué à gérer. Ce système est au bout du rouleau. Nous, médecins, n'acceptons plus de maltraiter nos patients", argue le porte-parole de l'Amuf Christophe Prudhomme.
"C'est ingérable aujourd'hui. Dans des services d'urgence où il devrait y avoir trois médecins, il n'y en a qu'un seul", ajoute-t-il.
5.700 heures supplémentaires cet été
À Agen, dans le Lot-et-Garonne, par exemple, les urgentistes ont cumulé plus de 10.000 heures supplémentaires en 2024, et 5.700 rien que sur l'été 2025. Depuis lundi, ils n'ont plus d'obligation de venir travailler parce qu'ils ont réalisé leur temps de travail maximum légal. Mais ils le font quand même, sur la base du volontariat, comme le chef du service, le docteur Laurent Maillard:
"Je suis revenu de mes vacances. J'ai abandonné toute ma famille."
"Nous ce qu'on sait, c'est qu'à un moment, on fera des erreurs. Moi je vous le dis, même à titre personnel, ça m'est arrivé. Ce que je vois, c'est des médecins qui viennent aux urgences avec la boule au ventre", confie Laurent Maillard.
Cette situation est dangereuse pour la qualité des soins. Elle est considérée comme injuste par les urgentistes, car depuis le début de l'été, leurs heures supplémentaires ne sont plus payées double à cause d'une réglementation nationale. La direction de l'hopital se dit impuissante, tout comme l'Agence régionale de santé.
"Tous les leviers réglementaires, on les mobilisera. Pour les primes de solidarité territoriales, le directeur de l'ARS peut autoriser une majoration jusqu'à 30%. C'est ce que j'ai fait pour Agen. On a tout débloqué", explique le patron de l'ARS Benoit Elleboude. Cette prime s'établit à 860 euros brut par jour maximum et l'ARS propose de la passer à près de 1.200 euros.