L’armée française "extrêmement vigilante" à l’augmentation de l’obésité

L’armée française s'inquiète de la problématique de l'obésité. Le médecin-général des armées, Jacques Margery, a estimé ce jeudi qu’il y avait peu de chance que la France échappe au grossissement de la population. Un phénomène qui touche de plein fouet l'armée américaine.
Aux États-Unis, il existe même une expression pour parler de la question: “Too fat to fight”, soit “trop gros pour combattre”. L’hebdomadaire Le Point révèle les chiffres: aux États-Unis, seul un Américain sur trois, âgé de 17 à 42 ans, serait apte à combattre. Les deux autres sont inaptes en raison de leur poids ou de leur condition physique.
Résultat, l'armée américaine a du mal à recruter: il manque 31.000 soldats. C'est la plus grave crise de recrutement militaire depuis la guerre du Vietnam. Récemment, 800 généraux à la retraite ont signé une lettre adressée au Congrès pour alerter les parlementaires sur une menace “stratégique”. Et cette menace sur la sécurité nationale, il ne s’agit pas de la Russie, de l’Iran ou de la Chine, il s’agit de l’obésité et de l’inactivité physique.
Quid de l'armée française?
L’armée française est, elle aussi, inquiète. C’est ce qu’a confirmé ce jeudi le médecin général des armées, le général Jacques Margery. C’est un problème de santé publique: l'armée est à l'image de la société française, elle est touchée par la sédentarité, la malbouffe et la cigarette.
En France, près de la moitié de la population est en surpoids, et un peu moins de 20% sont obèses. Dans l'armée, les chiffres sont forcément inférieurs à ceux de la population générale, mais pas tant que ça. 43% des militaires sont en surpoids et 10% sont obèses.
La gendarmerie est le corps le plus touché. C’est le seul où les personnes en surpoids sont plus nombreuses que celles qui ont un poids normal. Cela se traduit par des gendarmes mobiles qui ne sont plus aptes à participer au maintien de l’ordre.
Dans la marine, il y a des hommes et des femmes qui ne peuvent plus être embarqués sur les navires de guerre. Dans l'armée de terre, des soldats sont déclarés inaptes aux Opex, les opérations extérieures. Et la moitié des inaptitudes sont prononcées pour des raisons d'obésité.
Une difficulté à recruter
Plus généralement, le niveau physique des jeunes recrues est en baisse. La malbouffe et le manque de sport expliquent cette baisse de niveau. Le Point cite un haut gradé du nord de la France qui voit des hommes de 50 ans mieux réussir les tests physiques que des jeunes de 20 ans. Des instructeurs trouvent que d’année en année, les jeunes candidats sont moins résistants à l’effort, plus rapidement fatigués, plus enclins à regarder leur téléphone.
À l'école des sous-officiers de l'armée de Terre à Saint-Maixant, dans les Deux-Sèvres, on constate le niveau très faible des jeunes recrues sur des choses aussi basiques que la course à pied, les pompes, la natation ou le grimpé de corde…
Comme aux États-Unis, l'armée française n’a pas assez de candidats. Les armées françaises doivent recruter 16.000 soldats tous les ans. L’an dernier, il en a manqué plus de 2.000, ce qui était une première.
La seule solution, c’est d'être moins exigeant sur les critères physiques, notamment lorsque l’on recrute par exemple des informaticiens. Et pour les autres aussi, l'armée va s’adapter. Recruter des jeunes en surpoids, pas très bons en sport, qui ne courent pas très vite, en espérant les remettre en forme pendant leur formation, avant de les envoyer en opération.