"L'Etat nous met en danger": face au Covid-19, des enseignants font valoir leur droit de retrait
Depuis cette semaine, une quarantaine de professeurs du lycée Paul Éluard de Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis, ont décidé d’exercer leur droit de retrait, dénonçant un "cadre sanitaire dangereux", en pleine épidémie de Covid-19.
"La Seine-Saint-Denis est comme d’habitude abandonnée par la République", dénonce ce vendredi matin sur RMC Jérôme Martin, professeur de français au sein de l’établissement. Il déplore l’absence d’infirmière, de masques, la faible quantité de gel, l’absence de virucide pour désinfecter le matériel et d’écoute psychologique.
"Le pire dans tout ça, c’est que des élèves ont été testés positifs au coronavirus. Leur classe n’a pas été renvoyée chez elle et il n’y a pas eu de dépistage", ajoute l’enseignant.
"Rien n'a été organisé pendant les mois précédant la rentrée"
"Deux élèves dans deux classes différentes ont été testés positifs. Il y a un élève dont la famille à des symptômes et il n’y a eu aucune mesure d’isolement", renchérit Eric Delion, parent d’élève et représentant FCPE au lycée Paul Eluard à Saint-Denis en Seine-Saint-Denis
Pire encore, les annonces de ces cas positifs aux parents auraient été faites trop tardivement en raison de sous-effectif du côté du personnel de direction à cause de suspicions de coronavirus: "C’est du bricolage total, on doit faire avec un abandon total des pouvoirs publics. Rien n’a été organisé pendant tous les mois précédant la rentrée contrairement à ce que dit le ministre", ajoute Jérôme Martin.
Le rectorat silencieux
Conséquence, les professeurs font valoir leur droit de retrait, avec le soutien des parents d’élèves: "Leur démarche c’est de dire: 'on refuse de se retrouver dans la même situation qu’en mars en enseignant à distance'. Actuellement on est dans une situation qui commence à être inquiétante sauf qu’on ne prend pas les mesures d’anticipation minimale pour éviter que le lycée devienne un foyer épidémique", déplore Eric Delion.
"C’est un lycée de 1500 élèves et il n’y a même pas eu de sens de circulation de mis en place au sein de l’établissement, c’est pourtant simple à faire", ajoute le parent d'élève.
Et le rectorat ferait la sourde oreille: "On a envoyé un courrier la semaine passée, on n’a pas encore eu de retour de leur part", dénonce Jérôme Martin qui regrette une décision nécessaire "prise la mort dans l’âme". "La politique d’abandon par l’Etat, nous met en danger, il y a des contaminations qui provoquent des hospitalisations et des morts" conclu le professeur de Français.