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L'hôpital Georges-Pompidou lance un appel aux dons: "J'ai cru à une blague" tacle Patrick Pelloux

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L'hôpital public Georges-Pompidou lance un appel aux dons pour financer l'achat d'un scanner. Une pratique qui n'est pas nouvelle mais qui choque dans les rangs des médecins. L'urgentiste Patrick Pelloux se dit consterné et juge que l'hôpital "fait la charité".

C'est un appel un peu particulier. Pour financer son nouveau scanner, l'hôpital public Georges-Pompidou à Paris en appelle aux dons dans un message posté sur X (anciennement Twitter). L'appel de l'établissement qui dépend des Hôpitaux de Paris fait grincer des dents chez les médecins: "J'ai cru que c'était une blague", ironise ce vendredi sur RMC et RMC Story Patrick Pelloux, médecin urgentiste au SAMU de Paris et président de l’AMUF, l'Association des médecins urgentistes de France.

"C'est assez consternant, l'administration nous dit que les comptes sont bons que les investissements se font et on voit un appel aux dons, cela prouve une fois de plus que les moyens ne sont pas donnés au service public", ajoute l'urgentiste. "C'est le culte de la charité pour l'hôpital public. Et certains hôpitaux vont pouvoir appeler aux dons tandis que d'autres seront délaissés", prédit Patrick Pelloux.

L'invité du jour : Patrick Pelloux - 29/12
L'invité du jour : Patrick Pelloux - 29/12
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À Bordeaux, les appels aux dons ont permis de récolter 4 millions d'euros

Ce n'est pourtant pas une première. À Bordeaux, les dons ont permis de récolter 4 millions d'euros pour le CHU et certaines entreprises de la région en sont devenues des "mécènes". C'est ce qu'assure d'ailleurs la direction de l'hôpital européen Georges-Pompidou qui rappelle que les appels aux dons sont fréquents et "s'intensifient particulièrement au mois de décembre qui marque la fin de l'année fiscale". L'établissement note aussi que le même appel aux dons pour ce scanner avait été partagé en novembre, sans que cela ait entraîné autant de réactions.

Du côté des patients, l'idée étonne: "S'il faut passer par là pourquoi pas mais je trouve ça curieux", assure à RMC Luc, proche d'un patient de l'hôpital Georges Pompidou. "Un pays comme le notre qui ne peut pas fournir des appareils à ses hôpitaux, c'est compliqué". Marie-Liesse se pose moins de questions, parce que c'est pour la bonne cause: "Je ne vois pas le problème, il ne peut y avoir que du mieux et si c'est pour le bien-être des malades, je trouve ça super".

"C'est abusé"

Du côté du personnel soignant, la nouvelle ne passe pas. Najla qui travaille à l'hôpital Georges-Pompidou estime qu'en appeler à la solidarité de chacun, c'est déplacé: "C'est abusé. On est déjà mal payé, alors qu'un hôpital n'arrive pas à financer un scanner c'est inacceptable". Les dons, ce n'est en fait pas adapté pour des établissements publics, explique Corentin, anesthésiste: "Ça me semble étrange. En revanche, si demain on augmente nos impôts pour plus de matériel ça ne me choque pas parce que tout le monde contribue", ajoute-t-il.

Le scanner que l'hôpital européen Georges-Pompidou veut s'offrir grâce aux dons est jugé "révolutionnaire": il permet de réduire de 40 à 50% la dose d'irradiation par rapport à un scanner standard et doit concerner "toutes les spécialités, et en particulier la cardiologie, les maladies vasculaires, la cancérologie, l'ORL, et les pathologies ostéoarticulaires." Il représente "une avancée scientifique majeure", défend l'établissement.

Guillaume Dussourt avec Kévin Gasser