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"La clé est vraiment de convaincre": sur les réseaux sociaux, la riposte aux anti-vaccins s'organise

Un million de Français vaccinés dès le mois de janvier. L'objectif fixé par le gouvernement en fin de semaine dernière sera-t-il atteint? Arrivera-t-il à convaincre la population? Pas gagné.

Seuls 53% des Français disent vouloir se faire vacciner, selon un sondage de la Haute autorité de santé publié vendredi. Un chiffre en chute libre, ils étaient 64% en juillet.

Et certaines voix se font de plus en plus fortes: celles des anti-vaccins. Très actifs, notamment sur les réseaux sociaux. Inquiétude sur l'efficacité d'un vaccin trouvé extrêmement rapidement, théories complotistes... Alors pour apporter un contrepoids, la riposte s'organise.

"Il y a un vrai risque pour les plus faibles de la population"

Un combat contre les anti-vaccin qui s'opère dans l'ombre pour déconstruire ce discours et apporter des réponses à ceux qui doutent de l'efficacité des vaccins contre le Covid 19.

Un ordinateur et des mots sont les seules armes de Pierre. Pas question pour lui, convaincu de l'utilité du vaccin contre le coronavirus, d'afficher son visage, par peur de représailles. Pour le contacter, il faut passer par une messagerie sécurisée. Il demande aussi à ce que sa voix soit modifiée. De la peur, oui, mais pas question d'abandonner.

"Avec les anti-vaccins, il y a un vrai risque pour les plus faibles de la population. Dès qu’une couverture vaccinale baisse, tout de suite, ce sont de jeunes enfants, des personnes immunodéprimées qui sont en danger".

Mais y répondre individuellement, c'est s'exposer aux insultes, aux menaces. Alors, il a rejoint le collectif des Vaxxeuses et ses dizaines de membres pour être plus efficace: "C’est ce nombre qui nous permet d’être présents presque en permanence sur les réseaux sociaux, sans que chacun s’épuise à essayer de contrer les arguments anti-vax".

"L’idée n’est pas de mener un contre-pouvoir vis-à-vis des anti-vax"

Pour les contrer, lui comme Anne, une autre Waxxeuse, utilisent l'humour, la dérision, le débat, la pédagogie... Avec à chaque fois, une base scientifique: "On se base sur les faits, la réalité, que c’est démontré, prouvé. On a des tas de ressources documentaires. On ne parle pas aux peurs des gens mais à leurs intérêts. C’est beaucoup plus long pour faire effet mais c’est plus efficace sur le long terme".

Le cardiologue Jérémy Descoux, lui, a choisi des vidéos YouTube pour parler de l'intérêt de la vaccination, à visage découvert: "Je reçois régulièrement des menaces de mort". Et il le reconnaît: contrer l'argumentaire anti-vaccins est très compliqué. 

"L’argumentaire développé par les anti-vax, n’est pas intéressant en soit parce qu’il est faux. A partir du moment où vous faites du faux, vous pouvez en faire n’importe comment. A partir du moment où vous décidez de ramener un peu de vérité vous ne pouvez pas vous battre à armes égales. L’idée n’est pas de mener un contre-pouvoir vis-à-vis des anti-vax mais d’amener le raisonnement scientifique de manière accessible et permettre aux gens de pouvoir s’informer avec des sources fiables".

"Il faut vraiment avoir de la transparence"

Mais ça pourrait ne pas être suffisant. La clé, selon Antoine Bristielle, sociologue à la Fondation Jean Jaurès, c'est le discours des pouvoirs publics.

"Il faut vraiment avoir de la transparence comme quels sont les effets secondaires? Il faut vraiment de la transparence à ce niveau là et aussi sur l’aspect financier. On est encore dans une phase d’attente et il ne faut pas qu’elle dure très longtemps pour convaincre les personnes d’aller se faire vacciner. La clé va vraiment être de convaincre".

Et c'est d'autant plus important que, selon lui, le nombre de Français réticent à se faire vacciner, a tendance à augmenter ces dernières semaines.

Martin Bourdin et Marie Monier (avec C.P.)