RMC
Santé

Le logiciel Pronote de l'Education nationale inaccessible aux malvoyants: une action en justice envisagée

placeholder video
RMC S'ENGAGE POUR VOUS. Le logiciel Pronote ne serait pas aux normes, même si le gouvernement assure qu'il va tenter de régler le problème avant le début de la prochaine année scolaire.

Pronote est l’équivalent de l’ancien carnet de correspondance. Une interface en ligne où les parents peuvent retrouver les notes de leurs enfants et toutes les infos sur leur école. Mais pas tous les parents. Yannick est non-voyant, il a deux enfants au lycée. Mais son problème est qu'il n’a pas accès aux informations de l'école, aux notes, et ne peut pas prendre de rendez-vous avec un prof.

"A chaque fois qu'on a besoin de faire quelque chose sur Pronote, on est obligé de demander à nos enfants. On peut imaginer qu'ils ne veulent pas nous lire certaines notes ou qu'ils ne veulent pas envoyer certains messages. Donc mon rôle de parent est abîmé par le fait que je n'ai pas accès à certaines fonctionnalités."

"On ne peut pas nous parler d'inclusion et faire que les outils numériques nous excluent"

Plus de 60% des établissements en France utilisent Pronote, ce qui représente près de 17 millions d'utilisateurs. Des milliers d'élèves mais aussi des centaines de personnels de l'Education nationale comme Valérie, assistante scolaire.

"Dans ma vie professionnelle, si je veux suivre les absences ce sont des petits carrés de couleur, explique-t-elle à RMC. Tout ce qui est marqué sur Pronote, je ne peux pas y accéder de façon autonome. On ne peut pas nous parler d'inclusion et faire que les outils numériques nous excluent."

"La seule chose qui nous reste, c'est d'utiliser la voie judiciaire"

Et le problème, c’est que c’est illégal. Les sites internet de service public doivent obligatoirement être accessibles à tous et donc bien sûr aux personnes handicapées. C’est un décret de 2019 qui l'énonce. Pierre Marragou préside une association qui se bat pour que les droits des déficients visuels, et il envisage d'aller en justice: "Parce que le logiciel Pronote ne respecte pas les normes d'accessibilité, on a plusieurs dizaines de témoignages de déficients visuels qui ne parviennent pas à l'utiliser. Je ne suis même pas en mesure de rassurer en disant que des mesures sont en train d'être prises pour travailler sur le sujet. Nous sommes sans réponse de la part du ou des ministres concernés. La seule chose qui nous reste, c'est d'utiliser la voie judiciaire."

Que répond le gouvernement?

On a d'abord contacté la ministre chargée des Personnes handicapées, Sophie Cluzel, qui nous renvoie vers le ministère de l’Education nationale, qui nous a répondu qu'un plan d’actions est en cours. L'objectif est d'avoir réglé le problème à la rentrée prochaine. Pas sûr que les associations attendent aussi longtemps sans action concrète du gouvernement rapidement.

>>> A LIRE AUSSI - Pourquoi les élèves français sont si mauvais en mathématiques

Marie Dupin (édité par J.A.)