Les finances des Ehpad publics dans le rouge: vers une augmentation de 5% de certains tarifs?

Les Ehpad publics n'ont jamais été aussi endettés. C'est ce qui ressort d'une étude menée dans 730 maisons de retraite médicalisées du secteur et publiée hier par la Fédération hospitalière de France (FHF). La FHF l'affirme : plus de huit EHPAD publics sur 10 (85%) sont déficitaires en 2023. "Un chiffre record alarmant" pour la FHF, qui réclame des mesures d'urgences pour renflouer les caisses des établissements.
En France, un peu moins de la moitié des 600.000 personnes âgées vivant aujourd’hui en Ehpad (43%) sont dans un établissement public.
"Les EHPAD publics sont confrontés à une dégradation massive, rapide et profonde de leurs équilibres budgétaires", dénonce la FHF dans son étude.
Les conséquences à court terme pour les Ehpad sont des difficultés de trésorerie, avec un impact direct sur leur capacité à payer certaines charges. Cette situation limite les possibilités de recrutement et dégrade les capacités d’investissement.
Plusieurs tarifs pourraient augmenter de 5%
Dans le Val-de-Marne, les cinq Ephad d'Emmanuel Sys sont touchés par ce déficit record.
"Je dirige des établissements depuis 20 ans et c'est la première fois qu'on atteint des niveaux de cette envergure", témoigne-t-il.
La cause, les hausses de salaires du personnel depuis deux ans; mais aussi bien sûr le coût de l'énergie. "Pour le chauffage il faut pour le confort des résidents monter la température de façon importante, et on a constaté des hausses très très importantes sur les dépenses d'énergie, mais aussi sur l'alimentation", poursuit ce dirigeant d'Ehpad.
Il est donc complètement en faveur des mesures de court terme proposées jeudi par la Fédération hospitalière de France, qui demande aux pouvoir publics à augmenter plusieurs tarifs de 5%: celui des soins et de l'hébergement. "C'est pour éviter que la situation ne continue à se dégrader", comme l'explique Marc Bourquin, de la FHF.
"Notre demande est dans l'intérêt des résidents", promet la FHF
Selon lui, cette hausse devrait peu se répercuter sur le porte-monnaie des patients, en charge, en partie, de payer l'hébergement.
"Les 5% sont calés sur l'augmentation des pensions. Notre demande est dans l'intérêt des résidents car nous ne voulons à aucun prix baisser la qualité de service", assure Marc Bourquin.
La Fédération réclame dans un second temps un refondement du modèle de financement des Ehpad publics. "Des mesures d'urgence doivent être prises" en ce sens réclame dans l'étude Arnaud Robinet, président de la FHF.