Animaux domestiques en Ehpad: "Il faudra que l'Etat accompagne avec du personnel en plus"

Les animaux de compagnie seront-ils bientôt acceptés en Ehpad? La ministre de la Santé Catherine Vautrin a confirmé vendredi qu'elle était favorable à l'ouverture de ce droit pour les résidents, une des dispositions de la loi "bien vieillir" qui sera débattue à la mi-mars par les parlementaires. Un amendement du député LR Philippe Juvin propose de créer un droit pour les personnes âgées d’emménager en maison de retraite avec leur compagnon à quatre pattes.
Car pour l'instant, les Ehpad sont libres d’accepter ou de refuser les animaux de compagnie. Et parfois, les refus sont difficiles à digérer pour les familles. C'est le cas de Marie, 83 ans, atteinte de démence sénile et qui a dû se séparer de son petit chat lorsque sa fille l'a placée dans un Ehpad. "C'est un déchirement, c'est très violent, ma mère le cherche en permanence", raconte à RMC sa fille, Hélène.
Les résidents plus assez autonomes privés de leurs animaux?
Malgré une demande auprès de la direction de l'Ehpad d'accepter le petit chat, l'établissement lui a répondu que c'était inenvisageable et trop dangereux. Pourtant, la présence du félin aiderait l'octogénaire, juge Hélène: "Si elle était restée avec son chat, je pense que ça l'aurait apaisée. Elle aurait eu moins de crises d'angoisse et de stress".
Si les animaux étaient un jour autorisés, seuls ceux de compagnie seraient acceptés et pas pour n'importe quel résident, explique Danny Forster, directeur d'un Ehpad à Paris. "Ce sont uniquement les résidents qui sont semi-autonomes ou autonomes parce que ce sont les résidents ou les familles qui doivent s'occuper eux-mêmes de l'animal. On manque déjà de personnel soignant, on ne va pas rajouter de charge supplémentaire", explique-t-il. Il appelle également les familles à être raisonnables. Selon Danny Forster, chaque établissement pourra être en mesure d'accepter au maximum trois ou quatre animaux de compagnie.
"Tout va reposer sur des équipes professionnelles déjà en sous-effectifs"
Et qui dit charge de travail en plus, dit coût en hausse. Pour Romain Gizolme, directeur de l'Association des directeurs au service des personnes âgées (ADPA) et favorable à la mesure, celle-ci devra s'accompagner de garanties financières. "Il faudra que l'Etat accompagne cette mesure", assure-t-il dans Charles Matin.
"Pour une personne âgée fragile qui a besoin d'aide pour s'occuper de son animal de compagnie et dont les proches sont éloignés, tout va reposer sur des équipes professionnelles déjà en sous-effectif", explique Romain Gizolme.
"Nous sommes favorables à l'intégration des animaux de compagnie mais l'Etat devra accompagner cette mesure avec du personnel en plus pour améliorer le quotidien des usagers", martèle-t-il, sans demander directement des financements publics supplémentaires. "L'Etat doit penser la transformation de ces établissements pour les amener vers des formes d'habitat pour que les plus âgés bénéficient des mêmes droits que tous les Français".
Le texte va être discuté en commission mixte paritaire le 12 mars. Si cette étape est concluante, un vote aura lieu le 19 mars à l'Assemblée, puis au Sénat le 27 mars. Selon un sondage Ifop pour la fondation 30 millions d'amis, 86% des Français y sont favorables.