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Les soignants en colère manifestent contre les violences qu'ils subissent: "Il faut plus de sévérité"

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Un appel à la grève est lancé par une quinzaine d'organisations de soignants ce mercredi 12 mars pour tenter d'alerter les pouvoirs publics face à l'insécurité grandissante et la hausse des agressions. Elles réclament plus de moyens.

Journée de mobilisation nationale contre les violences faites aux soignants. Une quinzaine d'organisations ont lancé ce "mouvement national" à l'occasion de la journée européenne contre la violence faite aux soignants.

"Le Collectif du 12 Mars [...] appelle les soignants à une mobilisation massive", c'est-à-dire à "fermer leurs cabinets, dans le respect de la nécessaire permanence des soins" et manifester à Paris ou dans des "rassemblements partout en France". Les soignants veulent dénoncer l'insécurité grandissante dans les hôpitaux et cabinets médicaux. Ils demandent des mesures immédiates pour garantir leur sécurité.

“On est agressés, il n’y a aucun accompagnement des victimes, et quand on porte plainte, c’est souvent classé sans suite. Donc aujourd’hui ce qu’on demande, c’est qu’il y ait plus de sévérité. Il faudrait des mesures de justice dissuasives, fermes, pour vraiment envoyer un signal à la population et dire qu’un soignant, c’est quelqu’un qu’il faut respecter et que l’agression d’un soignant, c’est un acte très grave”, indique sur RMC ce mercredi, Saïd Ouichou, Médecin généraliste dans les quartiers Nord de Marseille.

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Les agressions contre les soignants atteignent "un niveau alarmant" note le collectif, avec une hausse de 27% en 2023. Des violences qui touchent aussi les infirmiers. Deux sur trois déclarent ainsi avoir déjà été victimes de violences dans leur exercice professionnel.

"Il m'a dit 'j'ai une pulsion'"

C’est par exemple le cas d’Émilie, agressée il y a un mois et demi par le fils d’une patiente. Pour elle, chaque tournée commence de la même manière depuis onze ans: à 6h30, souvent dans la nuit noire. Ce matin de janvier ne fait pas exception. Elle rejoint une dame adorable, une habituée. Mais pendant les soins, elle sent un regard pesant, celui du fils de sa patiente.

"Il s'est mis à me suivre dans la rue, jusqu'à mon prochain patient. Il m'a agressé verbalement, ça a failli être physiquement, mais j'ai réussi à me planquer dans un hall”, assure-t-elle.

Elle dépose plainte dans la foulée. Mais "ça ne donnera rien du tout", lâche-t-elle, la voix étranglée par l'émotion. Cette agression est loin d'être une première pour cette infirmière. "J'étais dans mon cabinet, j'étais en plein soin, au-dessus de mon patient, et là d'un coup, il me regarde et il me dit 'j'ai une pulsion'. Donc en tant que femme, vous imaginez bien que vous vous demandez ce qu'il va vous arriver dans les secondes qui vont suivre", confie-t-elle.

Des situations de plus en plus fréquentes qui ont de quoi miner le moral.

“Il y a un gros impact psychologique parce que derrière on a peur. Je songe dans ce cabinet à mettre une vidéo-surveillance. Mais c'est un budget qu'on n'a pas forcément. On pourrait peut-être nous aider à nous équiper, pour qu’au moins quand on est dans notre cabinet, on est en sécurité", indique-t-elle.

En attendant des réponses concrètes, l'infirmière a choisi une solution bon marché, acheter une petite bombe lacrymogène.

Solène Leroux avec Guillaume Descours