Lunettes, prothèses dentaires: que devient la promesse de Macron sur le "reste à charge zéro"?

C'était une des promesses d'Emmanuel Macron pendant sa campagne: une prise en charge à 100% des lunettes et des prothèses auditives et dentaires d'ici la fin de son quinquennat. Des négociations se tiennent en ce moment avec les complémentaires, l'assurance maladies et les syndicats de dentistes, d'audioprothésistes et d'opticiens. La promesse pourrait être "en partie" tenue.

"En partie parce que soyons clair la promesse c'était: les Français n'auront plus rien à payer. Ce n'est pas vraiment ce qui va se passer. Il n'est pas question de supprimer le reste à charge pour toutes les lunettes. Mais le gouvernement va mettre en place un "panier zéro reste à charge". Et tous les soins qui seront dans ce panier seront intégralement remboursés. Soit vous accepterez l'équipement Reste à charge zéro soit vous vous choisirez un panier à tarif libre mais vous serez moins bien remboursés qu'aujourd'hui.

Toute la question est de savoir ce qu'il y aura dans ce panier

Plus le panier sera rempli, plus ça coutera cher aux complémentaires et donc aux Français via une hausse de cotisations. Sauf que la ministre de la Santé ne veut pas d'augmentation des tarifs. Alors comment faire? La seule solution c'est d'encadrer prix des lunettes, des prothèses dentaires, comme c'est le cas pour les médicaments. Car aujourd'hui les tarifs sont totalement libres. Un opticien peut vendre ses lunettes 10 euros, 1.000 euros, 10.000 euros s'il le souhaite il n'y a pas règle. Ça, ce serait terminé.

Sauf que les professionnels de santé sont vent debout contre la réforme

Ça se passe plutôt bien avec les dentistes puisque les prothèses dentaires seront plafonnées mais en échange les tarifs de base – comme les soins des caries - vont être revalorisés donc les dentistes seront gagnants. En revanche les opticiens et les audioprothésistes sont furieux, deux syndicats d'opticiens ont même quitté la table des négociations. Pourquoi? Parce qu'ils n'ont pas du tout envie qu'on encadre les tarifs. Ils disent que ça va avoir des conséquences catastrophiques sur leur filière avec des fermetures d'entreprises et que les Français seront moins bien soignés. Les opticiens pointent notamment le fait que les lunettes seraient renouvelables tous les 3 ans contre tous les 2 ans aujourd'hui.

Quant aux audioprothésistes ils sont catastrophés parce que tous leurs tarifs seront plafonnés. Et en plus le gouvernement veut séparer l'achat de l'appareil des prestations de suivi. Ce qui pourrait aussi faire beaucoup baisser les prix (Aujourd'hui quand vous achetez votre prothèse vous payez aussi pour le suivi du matériel). Il y a donc un lobbying intense pour faire reculer le gouvernement. La ministre va-t-elle tenir bon? C'est toute la question."

Marie Dupin