Masque obligatoire à l'école: une psychologue répond aux inquiétudes des parents d'élèves
Comme dans les entreprises, le port du masque sera obligatoire pour élèves et professeurs à partir du collège jusqu'au lycée et pour les enseignants dans le primaire. De quoi susciter de nombreuses interrogations chez les parents d'élèves à quelques jours d'une rentrée particulière.
Sur RMC, Béatrice Copper-Royer, psychologue clinicienne spécialisée dans l'enfance et l'adolescence répond aux questions des parents inquiets.
- Comment rassurer des enfants plus inquiets face au port du masque toute la journée que face à la rentrée?
"C’est une façon de centrer son anxiété sur quelque chose de plus concret que le flou de la rentrée. Le masques est une façon plus concrète d’exprimer sa peur. Les enfants sont sensibles à l’anxiété de leurs parents et l’absorbent comme un buvard. Il faut que les parents eux-mêmes se calment et rassurent leurs enfants (…) Il faut dire à son enfant: 'Tu vas y arriver, c’est normal d’avoir peur personne n’a jamais connu ça'".
- Le masque va-t-il créer des situations d’isolement pour les enfants?
"La communication passe par le visage et le sourire, pas uniquement par les yeux. Mais il faut faire confiance aux enfants, ils ont de la ressource, ils vont trouver un système de communication entre eux qui va les satisfaire. Il faut les encourager et les valoriser".
- Comment faire pour les enfants en situation de handicap qui lisent sur les visages
"Si l’enfant a des troubles autistiques, l’enfant a plus de mal à s’exprimer et la communication hors langage est très importante pour lui. Il faut parler avec les directrices et directeurs d’établissement, ils ne sont pas bornés, il y a surement des possibilités d’assouplissement pour les enfants en situation de handicap".
- Les professeurs de maternelle, masqués, vont-ils devoir redoubler d’effort?
"L’apprentissage du langage se fait surtout en famille, tout ne se passe pas à l’école. Mais il va falloir que les enseignants articulent plus. Il va falloir être entendu parce qu’on sait qu’avec un masque il y a une espèce de filtre qui fait qu’on est moins perçu".
- Comment imposer l’autorité, notamment face au non-port du masque?
"Je pense que les adolescents vont trouver là un formidable moyen de transgresser. Les éducateurs vont avoir fort à faire. On ne va cependant pas faire l’impasse d’une explication. Les enfants doivent savoir ce qu’il se passe. Ils savent depuis mi-mars qu’on est dans une situation inédite, ils ont compris que la situation était extraordinaire, mais il faut le leur rappeler.
Ne les écrasons pas avec des chiffres mortifères comme le décompte du nombre de mort. Surtout, ils ont besoin de savoir qu’ils n’ont pas le choix".