Médecins étrangers en France: le gouvernement prolonge leur autorisation de travail

Les médecins étrangers vont pouvoir rester en France. Un grand nombre d'entre eux étaient menacés de perdre leur poste à l'hôpital mais le gouvernement a décidé de prolonger leur autorisation de travail. Ces médecins africains, algériens, marocains, ukrainiens ou brésiliens sont 4.000 ou 5.000 dans les hôpitaux français. Et parfois, ils tiennent à bout de bras nos services de soins. C’est Emmanuel Macron qui l’a affirmé lors de sa conférence de presse la semaine dernière.
Beaucoup sont arrivés pendant la crise du Covid, à l’époque où l'on applaudissait les soignants tous les soirs à 20 heures. Et beaucoup, ces jours-ci, étaient menacés de perdre leur poste et par conséquent de perdre leur autorisation de séjour en France. Certains d’ailleurs ont quitté la France pour ne pas risquer une humiliante expulsion…
Pourquoi étaient-ils menacés? A cause d’une nouvelle réglementation, entrée en vigueur le 1er janvier, qui veut que pour exercer, un médecin diplômé hors de l’Union européenne doit avoir réussi à passer des épreuves de vérification des connaissances.
Sur le papier, cela n’a rien d’absurde que les hôpitaux français vérifient que les candidats étrangers aient un niveau de connaissance suffisant. Sauf que dans les faits, cet examen s’est révélé être un redoutable concours. 2.700 postes étaient proposés pour près de 20.000 candidats, ceux qui sont déjà dans les hôpitaux, plus des milliers de médecins à l’étranger.
Et ceux qui sont en poste, parfois depuis des années, ont été très nombreux à rater ce concours très sélectif. Notamment parce qu’ils travaillent souvent 70 ou 80 heures par semaine, ce qui ne laisse pas de temps pour préparer ce concours.
Des médecins indispensables dans les spécialités désertées par les jeunes Français
Les deux tiers de ces médecins étrangers ont donc vu leur contrat expirer au 31 décembre. Et de nombreux chefs de service ont lancé l’alerte, parce qu’il y a des pans entiers de l'hôpital qui ne peuvent fonctionner sans les Padhue. C’est leur nom. Ça veut dire un praticien diplômé hors de l’Union européenne. Ils sont indispensables en particulier dans les spécialités que les jeunes médecins français n'aiment pas trop, les urgences, la gériatrie ou la psychiatrie par exemple.
Le docteur Mathias Wargon explique dans le magazine Capital que dans le service des urgences qu’il dirige à Saint-Denis, juste à côté du Stade de France, sur une trentaine de médecins, trois seulement sont diplômés en France. Tous les autres sont des Padhue. L’application des nouvelles règles risquait de l’obliger à fermer partiellement son service, au moins la nuit. Il avait prévenu: "Les Jeux olympiques, ce sera sans moi".
Finalement, le gouvernement a annoncé ce lundi que les autorisations de travail seront prolongées. Cela veut dire que ceux qui n’ont pas réussi le concours pourront continuer à bénéficier de contrats de quelques mois, à condition de se réinscrire au concours de l’année prochaine. C’est donc une solution provisoire, qui permet à ces médecins de continuer pour le moment à travailler dans nos hôpitaux, pour un salaire qui va de 1.500 à 2.200 euros selon leur statut.