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Mediator: "C'est le procès d'une vie brisée qui commence"

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Neuf ans après la révélation du scandale du Mediator, le procès des laboratoires Servier et de l'Agence du médicament s'est ouvert lundi à Paris pour plus de six mois, devant un tribunal conscient d'un sentiment général d'"impatience" et de "frustration".

Les premiers mots de la présidente Sylvie Daunis donnent le ton de ce procès hors normes: "Les débats seront très techniques mais indispensables pour comprendre les effets indésirables du médicament et les raisons pour lesquelles il est resté si longtemps sur le marché".

Les cinq salles du tribunal toutes reliées par un système de vidéo sont pleines. Des centaines de victimes sont présentes, beaucoup sont âgées, pour faire face à un homme présent sur le banc des accusés, Jean-Philippe Seta, ancien directeur des laboratoires Servier.

Après 10 ans de souffrance, c'est le procès d'une vie brisée qui commence", souffle Nathalie, atteinte de troubles cardiaques. Plus de 2.600 victimes sont comme elle parties civiles. A tour de rôle, les cinq juges mettront plus d'une heure à rappeler les noms de chacune d'entre elle.

Sept infractions du groupe Servier

Onze personnes morales et douze personnes physiques comparaîtront au total. Cinq mis en cause sont décédés lors de l'instruction, dont le principal protagoniste, le fondateur des laboratoires Jacques Servier, mort en 2014 à 92 ans.

Le groupe Servier devra répondre de sept infractions, dont "escroquerie" au préjudice de la Sécurité sociale et des mutuelles. A son côté, l'ANSM, qui a remplacé l'Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) après le scandale, sera jugée pour "homicides et blessures involontaires" par "négligences", pour avoir tardé à suspendre le médicament.

Jusqu'à son retrait du marché le 30 novembre 2009, le Mediator a été utilisé par cinq millions de personnes en France. Il est à l'origine de graves lésions des valves cardiaques (valvulopathies) et d'hypertension artérielle pulmonaire (HTAP), une pathologie rare et mortelle, et pourrait être responsable à long terme de 2.100 décès, selon une expertise judiciaire.

Jean-Baptiste Bourgeon (avec P.B.)