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Municipales 2020: à Soyaux, le maire salarie des médecins pour lutter contre la désertification médicale

"Mon maire ce héros" (5\/5) - A Soyaux, en Charente, le 6 janvier dernier, un Centre Municipal de Santé a ouvert ses portes, avec des médecins généralistes salariés directement par la municipalité. Ils sont 6 en alternance, payés 5.200 euros par la mairie qui perçoit les honoraires.

Le salariat, remède à la désertification médicale? C'est en tout cas la solution trouvée par le maire de Soyaux pour parvenir à conserver des médecins généralistes sur la commune.

Tous les jours, les patients se pressent à la porte du centre municipal de santé. Et dans la salle d'attente, on sent bien l'urgence de la situation. Car sans ce centre, il n'y aurait plus de médecins généralistes à Soyaux. Les 15 premiers jours, 4.000 appels ont été traités, plus de 1.000 consultations ont été menées. Un succès, à la hauteur du soulagement des habitants.

"Pour un jeune médecin, c’est plus simple pour commencer dans la vie active"

"C’est une bonne idée bien sûr. Il n’y a pas le choix. J’ai besoin d’un médecin donc s’il n’avait pas ouvert, je serai mal", explique un patient. "Je suis nouvelle sur la région donc je me faisais du souci pour trouver quelqu’un donc je suis contente. Pas besoin d’aller à Perpète-lès-oies", se réjouit une autre.

Alors il a fallu attirer les médecins. 5.200 euros de salaire, et une structure déjà en place, c'est ce qui a séduit Isabelle Chartier, médecin généraliste: "C’est un cabinet très confortable avec tout le matériel nécessaire. Il n’y a pas tout le côté administratif à gérer. Ça permet d’exercer dans de bonnes conditions".

Le plus difficile dans les déserts médicaux est d'attirer les jeunes médecins. Benjamin Leonard, médecin généraliste de 31 ans travaille dans le centre. Et il voit lui aussi des avantages au salariat.

"Ça peut être intéressant dans le cadre d’une vie familiale d’avoir ce genre de poste avec des horaires fixes. Pour un jeune médecin, c’est plus simple pour commencer dans la vie active que de créer de toutes pièces un cabinet, ce qui peut en effrayer certains".

"10.000 habitants, zéro médecin"

Cette idée, c'est celle de François Nebout. Maire de Soyaux et ancien médecin, il est parti à la retraite à la fin de l'année dernière et il a dû trouver une solution, rapidement: "10.000 habitants, zéro médecin. On s’est retrouvés un peu tous seuls. On avait une urgence et les projets du département et de l’agglomération n’avaient pas abouti. Il fallait que le 31 décembre, on ait une solution pour Soyaux".

François Nebout sera candidat à sa succession. Face à lui notamment, "Décides", une liste citoyenne. Louis-Adrien Delarue, lui aussi médecin généraliste, sera sur cette liste. Il salue la volonté du maire mais apporte quelques bémols.

"La bonne idée, c’est d’avoir des médecins sur la commune donc c’est mieux que rien. Mais on ne peut pas se satisfaire du mieux que rien. Par exemple, vous avez la caisse de santé de Toulouse qui comprend différents professionnels de santé dont les assistantes sociales, les infirmiers etc. avec un projet de santé. Ce qui manque cruellement dans ce centre".

Le budget de fonctionnement est de 600.000 euros pour 2020. Le maire de Soyaux espère parvenir à l'équilibre financier. Une extension du centre est prévue, un triplement de la surface, pour une ouverture en début d'année prochaine.

Rémi Ink (avec C.P.)