"Ne dites à personne que vous êtes positif": l'alerte d'un infirmier du CHU de Nice sur ces soignants qui travaillent malgré le coronavirus
Les soignants de Nice inquiets et même en colère. Plusieurs d’entre eux ont été testés positif au Covid-19 ces derniers temps. Et malgré les signalements effectués à leurs supérieurs, ils doivent revenir travailler par manque de personnels.
La boule au ventre, ils s’occupent parfois de patients vulnérables, de personnes âgées avec la crainte de les contaminer ainsi que leurs collègues. Ils dénoncent aujourd’hui un manque de considération de la part de la direction du CHU de Nice.
"Ma supérieure m'a dit qu'elle ne pouvait pas me remplacer et qu'il faudra venir le lendemain"
De sa propre initiative, un infirmier parfois au contact de patients atteints du coronavirus réalise un test mardi, et est déclaré positif 24 heures après.
"J'ai appelé ma supérieure pour dire que j'étais positif, et elle m'a dit qu'elle ne pouvait pas me remplacer et qu'il faudra venir le lendemain. Elle m'a alors dit: 'Ne dites à personne que vous êtes positif'. Il ne faut pas que les patients le sachent".
J'avais la boule au ventre j'étais pas serein. J'essaie de prendre le plus de précautions possibles. Je suis dans un service avec des personnes vulnérables. Je me dis qu'à tout moment je peux contaminer un patient négatif."
"Le masque FFP2, j'en ai qu'un pour toute la journée"
Une angoisse et surtout une culpabilité pour cet infirmier qui se sent abandonné. Il dénonce aujourd’hui une faute de sa direction.
"Au niveau du masque FFP2, j'en ai qu'un pour toute la journée, je me plains aussi de ça. J'ai aussi des collègues qui ont été au contact de patients Covid on leur a dit de se faire tester dans deux semaines, si ils sont positifs tout de suite entre temps on le saura même pas."
"C'est beaucoup de colère. Le monde d'après est pire que le monde d'avant"
Laura, infirmière également au CHU de Nice et syndiquée CGT-Action sociale 06 évoque des conditions de travail compliquées.
"C'est un sentiment d'abandon, c'est beaucoup de colère. Le monde d'après est pire que le monde d'avant. On se retrouve à gérer une crise sanitaire avec le même nombre de personnels. Pas de moyens humains, pas de moyens techniques. On nous a applaudis et on nous a dit merci."
"Le personnel vient travailler avec la peur au ventre"
Michel Fuentès, secrétaire départemental FO santé des Alpes-Maritimes, insiste auprès des soignants pour qu’il se fasse dépister.
"La semaine dernière on avait 10% des personnels testés positifs. Sur 400 on avait 30 personnes. Le personnel vient travailler avec la peur au ventre. Aux vestiaires des autres services tout le se change dans les mêmes vestiaires. Le CHU de Nice rend malade son personnel. Et on a un directeur général qui vous dit tout va bien madame la marquise."
Le CHU de Nice indique par mail avoir mis en place un numéro pour joindre la médecine du travail et la possibilité pour les soignants d’être dépistés sur différents sites.