"On a appris à tous travailler les uns avec les autres": entre privés et publics, les hôpitaux prêts à collaborer pour la deuxième vague

Comment les hôpitaux privés et publics collaborent-ils pour faire face à cette seconde vague? Ils s'étaient rapprochés lors de la première vague, mais, incités par les pouvoirs publics et pour faire face à la résurgence de l'épidémie, les hôpitaux publics et privés échangent désormais quotidiennement afin de faire face à l'afflux de patients, notamment les plus critiques.
À peine sortie de l'ambulance, Daniel, sur son brancard, est pris en charge par les infirmières de l'unité de soins critiques. Ce chauffeur de VTC de 62 ans, diagnostiqué le 15 octobre dernier, commence un second séjour en hôpital. Car un autre établissement d'Île-de-France vient de le transférer ici, faute de place.
“J’ai attendu un jour et le lendemain, ils m’ont trouvé un lit. Mais ils n’avaient pas de place pour continuer donc ils m’ont transféré ici. Ca m’énerve, ce n’est pas normal, mais bon en même temps il n’y a pas de place”, explique-t-il. “Dès que la fièvre monte ça ne va pas. En trois jours, je suis monté à 40. C’est ce qui épuise en fait”, précise-t-il.
Romy est l'une des infirmières qui s'occupe de Daniel. Elle vient de lui installer un capteur pour suivre son taux d'oxygène dans le sang. “Il y a une forte surveillance. S’il va mieux on le mettra en médecine d’ici quelques jours et malheureusement s’il ne va pas bien, il ira en réanimation pour une intubation”, détaille-t-elle.
Et Daniel est loin d'être une exception. Le docteur Abdelaziz Benkhelil, co-responsable du service de réanimation. “70% des patients covid viennent de l’extérieur, c’est énorme”, assure-t-il.
Mieux préparé qu'en mars?
Pourtant pas de trace de panique dans les couloirs de réanimation du Docteur Benkhelil.
“Là on s’organise. Les urgences m’appellent. Les patients sont déjà bien pris en charge dans des structures hospitalières à l’extérieur. Ils ont de l’oxygène, des antibiotiques. On peut mieux s’organiser et mieux prendre en charge les patients. Il faut le reconnaître, on est mieux préparé à cette deuxième vague”, affirme-t-il.
Une préparation qui passe par une plus grande communication entre les différents hôpitaux d'Île-de-France. Deux fois par jour, Olivier Peliks le directeur, relève le nombre de lits covid disponibles dans son hôpital. Il note cette information sur des fichiers partagés entre les différents chefs d'établissements.
“Grâce à la première vague, on a appris à tous travailler les uns avec les autres. Aujourd’hui, les outils sont là, on a tous les numéros des uns, des autres. On est capables de s’appeler très vite et de trouver des places assez rapidement pour pouvoir prendre en charge des patients. Ce type de prise en charge relève plus d’un marathon que d’un sprint. Un marathon où on est tous dans la même équipe et on doit gagner ensemble”, assure-t-il.
Olivier Peliks en est certain. Si son hôpital est, un jour, saturé, ses collègues de la région lui renverront l'ascenseur.