"On ne peut plus répondre": le personnel des urgences de Villeneuve-Saint-Georges en grève illimitée

Les urgences du centre hospitalier intercommunal de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) - CGT Chiv
C’était une promesse d’Emmanuel Macron, désengorger d’ici la fin de l'année 2024 les services d’urgences. Au 31 décembre, la promesse ne semble pas avoir été tenue. C'est en tout cas loin d'être le cas aux urgences de Villeneuve-Saint-Georges dans le Val-de-Marne. Le personnel est en grève illimitée depuis jeudi. Il dénonce une saturation du service et des attentes interminables pour les patients.
Le personnel, qui avait déjà fait jouer son droit de retrait durant une journée en juillet, a porté plusieurs revendications précises devant la direction de l’établissement, notamment le recrutement d'un salarié par poste. En réponse, la direction propose seulement deux recrutements.
Sur place, les patients affluent et les soins sont de plus en plus compliqués. Certains attendent des heures sur des brancards dans les couloirs face à des soignants débordés. “On doit faire des soins que ce soit des électrocardiogrammes, ou des prises de sang dans les couloirs, entre les patients, entre les brancards”, décrit Sophie, infirmière, dont la voix a été modifiée pour garder son anonymat.
“On est face à la détresse des gens, parfois face à leur agressivité, ça arrive. Mais on ne peut pas leur en vouloir. En termes de places, en termes d’attente, en termes de tout ce que vous voulez, on ne peut pas répondre, on n’a pas de solution”, déplore-t-elle.
"On ne peut plus"
Un service en crise et des soignants à bout. “C’est une grande souffrance. Des collègues rentrent chez eux en pleurant parce qu’elles craquent. Parce qu’on ne fait pas ce métier-là pour le faire dans ces conditions-là”, appuie-t-elle.
Les syndicats alertent pourtant depuis des mois. Ils demandent plus de personnel, mais la direction leur propose seulement deux postes en plus aux urgences. C'est insuffisant pour Véronique Fantini, déléguée CGT.
“On nous répond qu’il n’y a pas assez d’argent, mais on nous demande quand même de fonctionner, accueillir les patients et les soigner. Mais il y a un moment où on ne peut plus”, assure-t-elle.
Un argument qui n'est pas entendable par les patients aussi. “Ils ne sont pas assez nombreux, ils courent partout, ils manquent de matériel”, indique Ghislaine. Elle a passé 13 heures aux urgences “toute seule dans un brancard. J’ai grelotté toute la nuit parce qu’ils n’avaient pas de couverture”, explique-t-il.
Alors en réaction à la promesse du président de la République de régler le problème de l'engorgement des urgences, elle lui répond tout simplement: “Il faudrait qu’il vienne aux urgences ici, comme ça il comprendrait ce que ressent le peuple”.
MAJ 03/01/25 à 11h51 - Dans un communiqué daté du lendemain du tournage de notre reportage, la direction de l'hôpital assure avoir "connaissance des difficultés" rencontrées par les équipes du service d'accueil des urgences et être "attentive aux revendications des professionnels". En ce sens, la présence d'une infirmière de nuit supplémentaire a été validée tous les dimanches et il a été décidé de "renforcer les équipes soignantes de jour et du nuit du 19 décembre au 13 janvier inclus"
MAJ 08/01/25 à 15h16 - Dans un nouveau communiqué la direction annonce la mise en place de renforts sur la période du 1er octobre au 31 mars: 1 infirmier diplômé d’Etat de jour et de nuit ; 1 aide-soignant de jour et de nuit ; 1 agent d’accueil de jour et de nuit ; 1 brancardier de nuit.