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Orientations multiples, "plan cul", couples: à quoi ressemble la sexualité des jeunes après Metoo

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La sociologue Marie Bergström revient dans son livre "La sexualité qui vient : jeunesse et relations intimes après Metoo" sur l'exclusivité, les relations non hétérosexuelles et les stigmatisations.

Que se passe-t-il véritablement dans la vie sexuelle de la jeunesse actuelle ? Dans "La sexualité qui vient : jeunesse et relations intimes après Metoo", la sociologue Marie Bergström décortique les comportements et pratiques des 18-29 ans.

Véritable éclairage sur la réalité de ces interactions, l'ouvrage permet aussi de balayer des idées reçues, à commencer par la place tenue par la notion de couple.

"La norme conjugale est toujours forte", explique ce mercredi Marie Bergström au micro de RMC. "C'est une forme relationnelle qui plaît et qui est très présente". Elle l'a été au cours de l'année pour 66% des personnes interrogées. De quoi déconstruire l'idée que ce type de relation est délaissée, que l'engagement est rejeté et que l'amour est fini.

L'une des principales observations de la sociologue relève du parcours de ces jeunes au fil des années.

"Jusqu'à la trentaine, il y a un fond d'expérimentation relationnelle. On est en couple, mais on a d'autres relations. A l'approche de la trentaine, progressivement, le couple cohabitant va être plus courant (...), mais avant, il y a ce moment d'expérimentation", précise la spécialiste.

Relations et orientations plurielles

Difficile de passer à côté de la diversité des sexualités au cours de cette enquête. Aujourd'hui, les jeunes vivent diverses relations dans des cadres distincts. 19% des femmes et 8% des hommes se disent autre qu'hétérosexuels.

Charlyne, étudiante de 19 ans, ne se sent ni hétérosexuelle, ni homosexuelle. "Je suis en couple avec une fille", confie-t-elle à RMC, sa troisième relation après deux autres avec des hommes. Mélissa, du même âge, partage quant à elle sa vie avec un homme de 42 ans.

L'étude démontre que l'exclusivité est bel et bien un sujet sur la table, mais qu'il existe également des formes relationnelles où celle-ci n'est pas nécessairement une obligation, à l'image des couples libres ou des relations polyamoureuses.

Chaque rencontre possède alors sa propre structure. "Il y a plan cul régulier et plan cul", raconte Loïs, au micro de RMC. "Donc, il y a des histoires d'un soir et ce que j'appellerais les plans culs réguliers avec la même personne", dit-elle.

Cette pluralité des partenaires est nettement observée dans la jeune génération. Alors que les femmes témoignaient de 4 relations en moyenne en 2006, elles en comptabilisent aujourd'hui le double. Les hommes sont quant à eux passés de 8 à 12.

Et cette variété interroge certains parents, comme Séverine, mère de deux enfants de 20 et 25 ans. "Il ne faudrait pas qu'à 40 ans ils se disent 'mince, j'ai trop profité et c'est trop tard après'", glisse-t-elle.

Une libération féminine ?

Ce livre-enquête décortique en outre cette sexualité jeune dans le cadre d'une société qui a vécu de nombreux temps forts ces dernières années. En premier lieu la vague MeToo.

Marie Bergström identifie une évolution chez la population féminine, bien qu'il existe toujours un double standard et que femmes et hommes entrent dans la vie sexuelle de façons différentes.

"Aujourd'hui, c'est beaucoup plus possible d'expérimenter différentes formes de relation sans que cela ne soit stigmatisé", affirme la sociologue, alors que des stigmatisations, telles que celle de "la fille facile" perdurent tout de même encore.

Reste la période du Covid qui a mis entre parenthèses la vie des Français en 2020. L'étude a observé que les participants ayant fêté leurs 18 ans cette année-là avaient vu leur sexualité reportée en raison des confinements successifs.

Alfred Aurence, Mélanie Hennebique avec AFP