“Deux erreurs massives ont marqué la population”: cinq ans après, que reste-t-il du Covid-19?

"Nous avons donc estimé que le Covid-19 peut être qualifié de pandémie". Il y a cinq ans, le 11 mars, le patron de l'Organisation mondiale de la Santé a lâché la phrase qui a fait prendre conscience au monde entier de la gravité de la situation.
Pourtant, dès le 30 janvier, l'OMS avait déclaré son plus haut niveau d'alerte face au nouveau coronavirus détecté en Chine à la mi-décembre 2019: l'urgence de santé publique de portée internationale ou USPPI. Une formule désincarnée qui n'évoquait rien dans l'imaginaire humain. Pressé de questions par les journalistes, Tedros Adhanom Ghebreyesus avait aussi évoqué "la menace de la pandémie" le 9 mars, mais l'électrochoc n'est venu que deux jours plus tard.
"Le Covid-19 a bouleversé nos vies"
Gestes barrières, gentillesse, solidarité: 5 ans après, a-t-on tout oublié? En ce qui concerne les gestes barrières (masque, distance, lavage de main), les Français n’ont pas retenu grand-chose, selon une étude réalisée par Santé publique France. Seuls 29% des participants déclarent porter aujourd’hui un masque en présence de personnes fragiles ou dans des lieux très fréquentés en cas de symptômes.
7% d'entre eux ne se lave jamais les mains avec du savon ou du gel hydroalcoolique. La pratique du télétravail a en revanche considérablement augmenté depuis le premier confinement et a perduré. Le taux des salariés français pratiquant régulièrement le télétravail est passé de 17% en 2017 à 36% en 2024 selon Statista. La hausse a logiquement connu un pic en 2020, mais cette tendance s'est pérennisée.
Quant à la solidarité, difficile de dire si l’esprit a perduré. Emmanuel Macron, lui, veut y croire. Dans un message publié dimanche soir sur X, le chef de l’État se souvient: Il y a cinq ans, "la France s'est confinée. Mais jamais, elle ne s'est arrêtée. Face à l'inconnu, face à l'épreuve, elle s'est unie".
“Nous avons pris soin les uns des autres. Nous avons fait preuve de solidarité dans les moments les plus durs “. Et de conclure: "Le Covid-19 a bouleversé nos vies. Mais il a aussi révélé la force de notre unité qui ne doit jamais cesser de nous inspirer et de nous guider".
"Ce qui m’effraie le plus, c’est la baisse vaccinale"
Pour l'infectiologue Robert Sebbag, invité sur le plateau d’Estelle Midi ce lundi, cette pandémie a eu des répercussions “bien au-delà du confinement”. “Je crois qu’on ne se rend pas encore compte des répercussions qu’a eues cette pandémie sur l'économie, sur la société et sur l’aspect sanitaire. Malgré tout, ces gestes barrières ont ralenti la propagation de certaines maladies et virus. Maintenant qu’on a arrêté les gestes barrières, ça revient, avec une augmentation massive de la grippe, de la gastro, etc.”
Il poursuit: “mais ce qui m’effraie le plus, c’est la baisse vaccinale. Il y a eu tellement de débat autour du vaccin ARN Covid, que ça a ralenti toutes les autres vaccinations”.
Robert Sebbag assure par ailleurs que “deux erreurs” ont marqué la population française: l'interdiction de visiter les personnes âgées dans les Ehpad et l'interdiction de faire le deuil. “On ne pouvait pas enterrer les personnes, tout cela a choqué les gens”.
Pour Evan, un auditeur, on a “oublié les gestes barrières”. La chroniqueuse Yael Mellul conclut sur le retour de l’individualisme, qu’elle déplore: “le covid continu de toucher nos jeunes dans la santé mentale, mais globalement les gens ont tout oublié malgré le traumatisme collectif: c’est le retour de l’individualisme”.