Pilule abortive: "Il n’y a pas de pénurie" assure François Braun, le ministre de la Santé

La France manque-t-elle de misoprostol? Des professionnels et des antennes départementales du Planning familial donnent l’alerte sur cette pilule abortive, qui serait très difficile à trouver en Ile-de-France et dans les Hauts-de-France. Mais François Braun, le ministre de la Santé, assure ce mercredi qu'il n'y a pas de pénurie sur ce médicament.
"L’accès à cette pilule abortive est possible partout, explique-t-il dans 'Apolline Matin' sur RMC et RMC Story. Il y a une tension, il n’y a pas de pénurie. Les boites de 16 comprimés sont toujours disponibles à l’hôpital. On a moins de boites consommées que de pharmacies sur le territoire. Tous les pharmaciens n’en ont pas. Les difficultés qu’ils ont actuellement, c’est s’ils veulent en commander. On leur dit que c’est difficile, qu’il y a des tensions. Par contre, les centres qui pratiquent l’IVG ont à disposition des boites de 16 comprimés. Ce médicament est disponible. Il n’y a pas de rupture, il y a des tensions. On peut considérer aujourd’hui qu’il y a un retour à la normale. Depuis le début du mois, nous avons ré-abondé l’ensemble du marché. Il y a maintenant trois mois de stock. Il n’y a jamais eu d’impossibilité d’accéder à ce médicament."
"Il faut relocaliser la production"
En France, 70% des IVG sont médicamenteuses. Mardi soir, le Haut conseil à l'égalité a recommandé, dans un communiqué, la relocalisation de la production de pilules abortives en France. Aujourd'hui, elles ne sont produites que par une entreprise, Nordic Pharma, qui en détient le monopole grâce à un brevet. "Il est capital que les pouvoirs publis s'assurent que l'ensemble des produits et médicaments nécessaires à l'avortement soient constamment disponibles" écrit notamment le HCE.
A Lille, dans une officine, la pilule abortive a disparu des rayons depuis plusieurs semaines. "Je n'ai pas d'accès au compte, ça met 'manquant', sans aucune date, et je ne peux pas lancer la commande et la mettre en attente. On serait embêté si quelqu'un en avait besoin là de manière urgente", explique le pharmacien.
"Si les femmes se retrouvent hors délais d'IVG médicamenteuse parce qu'on a du mal à se fournir en médicaments, ça va devenir compliqué" confirme Laurette Lauf, porte-parole du Planning familial. Pour Jérôme Martin, représentant de l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament, "l'une des solutions est de relocaliser la production de produits pharmaceutiques aussi essentiels que les pilules abortives, en se coordonnant au niveau européen." L'Agence nationale du médicament assure que la situation reviendra à la normale d’ici la fin du mois. Des milliers de comprimés sont en cours d’acheminement, depuis l’Italie notamment.